NUMERO 13 (2023)
1. BEAUTÉ COUSUE
Elle a senti le souffle du rythme
S'emparer de son corps une nuit
Elle l'a senti tout de suite
Et les jours suivants aussi
Pourvu que jamais ne se rompe
Le fil vivant de la rythmique
Que même si parfois la saveur s'estompe
Elle sache sourire à l'ennui
Vivre belle discipline
Celui qui dit qu'il est
Joyeuse chagrine
La vie se tisse en laçets
Chacun recevra ça
Qu'est-ce qu'il en fera ?
Elle a senti sous la surface
Les mots, les notes muettes
Faites que jamais ne se défasse
La beauté cousue dans sa tête
- à Rita -
2. LI NEUSSA LO PEUSSÉ
Derrière le mur vivent une truie et son porc
Le porc écrit et la truie, elle crie fort
Ce n'est pas la plus fine ni lui le mieux inspiré
Elle, c'est li neussa lui lo peussé
Li neussa lo peussé recette en boucle récitée
Autant de fois que possible redis-le-moi s’il te plaît
Derrière le machefer ça remue la terre à l'automne
Ça cherche l'infortune et les poux et les pommes
À défaut de pouvoir voir la lumière du ciel
Les cochons broient du noir et la boue s'amoncelle
Refrain
Derrière cloisonnés ça râle ça grogne c'est faché
Ça rêve de croisades du fond des tranchées
J'en ai connu des salauds des pourris des laids des mauvais
Mais des cochons comme ceux-là ça non jamais
À l'importance qu'on accorde aux choses qui n'en n'ont pas
3. SÈVE
Tant qu'il était présent le présent
Avait le goût du luxe et du sang
Maintenant qu'il se fait rare
Qu'il se fait attendre
Pour l'extraire du noir
Faut souffler sur ces cendres
Voilà ce qui s'en va
Ce pourquoi il faut se battre
Alors que c'était là
Sans qu'on ait à se battre
Pour lui sous les draps
Ou dans les clairs-obscurs des vanités
Ce qu'il s'agit de garder
Pour vivre adulte et animé
Les ombres grandissent
Et puis rétrécissent
Jusqu'à disparaître
Au prochain solstice
Sève
Tant qu'il était présent
Le présent
Avait le goût du luxe
Et du sang
4. VV
Pari voulu pari tenu
Pari perdu pari déçu
Si tu croises le karma ou la providence
Dis-leur que leur absence nous a coûté tout ça
Pari gagné pari à nos pieds
On s'est fait tous seuls à la force du poignet
Quand on croise la baraka ou la chance
On ne les salue pas, on ne les connaît pas
Vainqueurs vaincus
Il est déjà 20 heures
L'oiseau moqueur s'est tu
Sur le seuil de la porte s'impatiente la joie
Elle reste silencieuse parions que c'est mieux comme ça
5. SOUFRE
Ça va sans dire
Ça va sentir le soufre là si
Ce n'est pas dit
Ce qu'il faut savoir dire parfois
Si l'on veut que l'autre reste
Mais ça va sans dire
Alors pourquoi prendre le risque
De la reternir
La jolie couche dessus les dessous lestes
La jolie veste
Ne laissons pas les dessous
Là où ils sont ce soir
Nous prenons leur place
Il faut s'en faire
Ça va sentir le soufre là si ce n'est pas fait
Ce qu'il faut savoir faire parfois si l'on veut
Commettre un joli geste
Alors que si c'est fait
Plaisir pris et rendu à au moins cent fois l'effet
Et la chose dessous entraînant le reste
Se manifeste
Refrain
Ça va sans dire
Ça va sentir le soufre là si
Ce n'est pas dit
Ce qu'il faut savoir dire parfois
- à Elsa -
6. BAISER
Baiser monotone sur lèvres lilas
Être et chair qu'emprisonnent les doigts
Qui sait ça
Plainte consolée sans demande
Douleur diluée sous la langue
Qui sait ça
Heureusement que rien ne dure jamais
Heureusement que rien ne dure tout le temps
Folie qu'on fredonne sur lèvres tout bas
Idées fixes qu'emprisonnent des voix
Qui c'est ça
Plainte refusée redemande
Rage refoulée sous la langue
Qui sait ça
Vengeance passée reste châtiment
Semaines, semaines, semaines dedans
Qui sait ça
Heureusement que rien ne dure jamais
Heureusement que rien ne dure tout le temps
Beaux attifés que nous sommes
7. RÉCITATION
Cherche histoire miséreuse ou glorieuse
Héritée d'un passé déjà raconté
Où tout s'explique la partition
Se rêve, se pratique à l'unisson
En répétition, préméditation
Ancêtres au matin honte à midi
Injustice enfin quête et au lit
Ah le dessin comme il est parlant
Ce qu'on y voit rien quand on vit dedans
Sa récitation préméditation
Ainsi c'était écrit c'était écrit là
C'était écrit par qui c'était écrit pour toi
C'était écrit c'était écrit comme ça
« En avoir jusqu'ici du destin plein les doigts »
C'est là qu'elle est là ta récitation
Bon Dieu comme c'est bon
Bon Dieu comme c'est long
Cherche histoire miséreuse ou glorieuse
Héritée d'un passé comme déjà raconté
Où tout s'explique la partition
Se rêve se pratique à l'unisson
8. VIERGE DES USAGERS
Soulagé par sa surface
Silice apprivoisée dangereuse et lasse
Exister dessus sans laisser de trace
Loup me vois-tu ? Vois comme je m'y déplace
S'arrêter mentir un peu
Sous des climats tempérés en d'anonymes lieux
Sourd et pourtant ici j'entends
Content comme un commercial mais volant
Gloria gloire a la route
Gloria gloire à moi
Au lever du jour vierge des usagés
Qui l'utilisent sans détour sans l'aimer
Voluptueuse entre les chemins
Anguleuse entre les tours
Les 10 doigts de mes 2 mains roulent ses atours
Refrain
Soulagé par sa surface
Silice apprivoisée dangereuse et lasse
Exister dessus sans laisser de trace
Loup me vois-tu ? Vois comme je m'y déplace
9. OUEST
Elle celle qu'elle est
Elle sait qu'elle est
Femme femelle
Soulages où von menzel
Collage pastel querelle
Ça n'a pas de forme
Non ça ne met pas les formes comme il se doit
Regarde les formes
Là tu verras ce qu'il y a
Lui, c'est celui qui s'aime
Lui, c'est celui qui sème
Homme mâle
Caravage ou Chagall
Chair obscure huile coulure sur toile
Ça n'a pas de forme
Non ça ne met pas les formes
Comme il se doit
Regarde les formes
Là tu verras ce qu'il n'y a pas
Fleur pollen
Vol calme d'hirondelles
Chaleur clarté
Printemps doucement commencé
Avec les abeilles
Pétales pistils miel
Animaux planqués partout autour
Désir bas de gamme ou désir d'amour
On m'appelle l'animal savant
Le tigre le fou le fils de ceux qu'étaient là avant
On m'appelle celle qui sait dire comment faire comment
Taire comment ça
Ça n'a pas de forme, regarde les formes
10. BRINDILLES
Le ventre détendu et le corps au repos
Après la course folle qu'il a faite plus tôt
Il dort entre les filets sur le port
Les oreilles au vent de six heures et demi
Dedans des paysages ou des lieux obscurcis
Il mord découpe et dévore
On s'offre des nuages, de la neige et du sable
On se sourit souvent depuis dessous la table
Et puis on sort pour voir comment c'est dehors
Il pleut partout sur lui
Il connaît l'amour du jeu et jamais ne s'ennuie
Il vit couché, debout, assis
Rendez-vous là où les étoiles se couchent
Valparaíso
Rendez-vous là où les étoiles touchent
L'eau
C'est la foule des gens qui aspire et dilue
C'est qu'on dirait du sang tous ces gens confondus
Il meurt dedans disparu
Je le revois parfois couché là sur le sol
Ou dans l'eau des torrents ou dans les courses folles
Il sera là tant qu'il y aura le sol
Valparaíso
L'eau
- à la mémoire de Raoul -
L'ART DE LA DEFAITE (2019)
1. AVALANCHES
Malgré les apparences vit le bleu sous le beige
Malgré les avalanches vivent les formes sous la neige
C’est là
Ça se sent tu sais
Ça ne se voit p’etre pas mais ça se perçoit parfois au détour d’une phrase que tu dis
Quand tout le monde se regarde en se disant hein ? Quoi ?
Bah c’est ça
Ça se sent tu sais
Ça ne se voit peut être pas mais ça se perçoit
Mais si parfois au détour d’une phrase que tu dis quand tout le monde se regarde ?
Mais oui
Malgré les apparences vit le bleu sous le beige
Malgré les avalanches vivent les formes sous la neige
C’est encore là ça se voit tu sais
Maintenant ça s’voit même bien c’est très net
Ça a déteint sur toi comme un bleu de chine mon gars t’as même plus besoin d’parler
C’est encore là ça se voit tu sais
Maintenant ça s’voit même bien c’est très net
Ça a déteint sur toi comme un bleu d’chine là regarde juste là, t’en as
Malgré les apparences vit le bleu sous le beige
Malgré les avalanches vivent les formes sous la neige
C’est là
Y a plus que ça tu sais
Tu as disparu derrière ou dedans on sait pas mais t’es plus là y a plus que ça tu sais
Tellement qu’on s’demande si ce ça c’est toi ou pas
C’est toi ?
Y a plus que ça tu sais
Tu as disparu derrière ou dedans on sait pas mais t’es plus là y a plus que ça tu sais
Tellement qu’on se demande si ce ça c’est toi ou pas ?
2. OUTRAGE
Il est minuit passé à l’horloge du village
Tous les chiens sont couchés et les lions dans leur cage
Cessent de pardonner aux hommes
L’outrage
Les coups tant que c’est pas tout le temps
Les coups il y a pire
Mais les applaudissements
Non pas les rires
Le fouet tant que c’est pas tout le temps
Le fouet il y a pire
Mais les encouragement
Non pas les rires
C’est le mauvais moment
L’allalie
Le renversement
Pour l’homme averti
Il est midi passé à l’horloge du village
Le chapiteau dressé tous les lions dans leur cage
Regardent passer les passants
Patiemment
Ce soir tout le monde est là
Tous sont venus pour le voir
Le roi sous son déguisement
Le roi humilié au milieu des enfants
Ce soir tout le monde est là
Lorsque le dompteur en s’enfuyant laisse ouvert
Au roi qui au milieu des gens
Cesse de pardonner à la terre entière
C’est le mauvais moment
L’allalie
Le renversement
Pour l’homme averti
Il est minuit passé à l’horloge du village
Les mères éplorées au milieu du carnage
Hurlent comme le font les lionnes en cage
3. LES ÉLÉPHANTS BLANCS
Si à l’avenir tu repasses ici
Fais semblant, fais semblant
Fais comme si rien ne s’était produit
Fais comme avant
Il est des actes comme les éléphants blancs
Qui prennent beaucoup sans apporter rien
Il est des actes dont on ne se souvient
Qu’en les oubliant
Va, je me charge du souvenir
Je me charge du pire
Je prends garde et supporte le « tu » tout le temps
Ni je ne ris, ni je ne mens
Toi va là où les fardeaux s’envolent, où tout flotte un peu
Au-dessus du sol
Va dire la beauté qui nous hante, vas-y chante
Si à l’avenir tu repasses ici
Fais semblant, fais semblant
Fais comme si rien ne s’était produit
Fais comme avant
4. SEULEMENT
On ne peut pas ne s’adonner qu’à ça tout le temps
On ne peut pas ne s’abandonner qu’à ça seulement
Mais trouver une façon de vivre sans
Il faudra faire avec le manque souvent
Dire que tout va bien devant les gens
Et trouver une façon de vivre sans
J’ai oublié le tout premier couplet
Re-commis l’erreur, fauté
Mais j’ai pendant ce court instant
Échappé au temps
Quand dans ce court instant
Je n’ai plus vécu que dedans
On ne peut pas ne s’adonner qu’à ça tout le temps
On ne peut pas ne s’abandonner qu’à ça seulement
Mais trouver une façon de vivre
5. PROMENADES
Alors que le six était premier
Princesse dépassée par le bel agité
Fallait pas, fallait pas, fallait pas tout miser
Y avait qu’à, y avait qu’à, y avait qu’à jouer placé
« 8,6 » finie, sirotée
Sous pluie, terrain mouillé mouillé
Côte écroulée, sous dettes crouler
L’hippodrome de Vincennes l’a tué
Ah ! La belle histoire. Ah ! La jolie fable
Comment ne pas croire sur ce coin de table
Que j’ai pris sous mon bras pour écouter raconter ?
Ah ! Le triste sort, la toile grisée
Le destin retors, la voile déchirée, fallait pas l’écouter
Y avait qu’à raconter la gaité
La vérité n’existe pas, tu crois la voir, mais tu l’as pas
Croire qu’on dit la vérité, c’est comme croire en la réalité
ça fait un monde tout plat, tout petit, tout laid, tout là, tout défini
Heureusement que ce soir, je vais là où la foule se tait
Où tout ment
La vérité ne se dit pas, elle se la raconte et c’est pour ça
Que le mensonge l’a mauvaise, qu’il voudrait bien qu’elle se taise
Qu’elle renonce à l’annonce et au nu, à la belle clarté du début
Heureusement que ce soir, je vais là où le jour ne va jamais
Où tout ment
Je t’aime…
Je t’aimais,
Je t’aime, mais il y a mes promenades…
6. L'ART DE LA DÉFAITE
La côte en haut de la ville
Est avare en ombre l’été
Ses lacets la rende indocile
Il faut une raison pour y aller
Raison d’aller là
Pour aller monter tout là-haut comme ça
Il y marche comme l’on vole
L’air de ne pas y toucher
Mais le moindre bruissement l’affole
Le fait se re-décourager
Revenir sur ses pas
Et puis recommencer à re-quitter l’en bas
C’est que tout l’autour l’attise
C’est ce que ses sens lui disent
Que tout son latin se divise
Aux volets bleus et entrouverts, au vélo vert
À ce à quoi il renonce en faisant marche arrière
C’est tout l’art de la défaite
Ça tient dans un demi-tour
Tout l’art de la défaite est là
Dans ce demi-tour sur soi
La pente en haut de la ville
Est avare en ombre l’été
Ses lacets la rende indocile
Il faut une raison pour y aller
Raison d’aller là
Pour aller monter tout là-haut comme ça
Il en redescend comme on sort
D’une nuit blanche et agitée
Le moindre bruissement l’endort
Le fait se remettre à rêver
Revenir sur ses pas
Et puis recommencer à regagner l’en bas
C’est que tout l’autour consumé
Par les sens et l’été
Son latin résumé à répéter tout bas
« Voudrais-tu danser ? Voudrais-tu danser ?
Voudrais-tu re-danser avec moi ou pas ? »
C’est tout l’art de la défaite
Ça tient dans un demi-tour
Tout l’art de la défaite est là
Dans ce demi-tour sur soi
7. MADELEINE
Lorsque Madeleine m’emmenait
Promener sur la jetée
Et que ravie elle se saoulait
De vent, de rires et de baisers
Comme ça me plaisait
D’ainsi se laisser aller
À cet instant je me disais
À quoi bon vivre sans aimer
Lorsque Madeleine m’emmenait
Promener sur la jetée
Et qu’hésitante elle se penchait
Parfois presque jusqu’à chuter
Comme ça me plaisait
De vivre ainsi menacé
À cet instant je me disais
À quoi bon vivre sans tomber
Lorsque Madeleine m’emmenait
Promener sur la jetée
Et que sa colère me couvrait
De cris, d’écume et d’insultes salées
Dessous le ciel médusé, je tremble
Pendant qu’elle hurle dans mes yeux
Que nous ne mourrons pas ensemble
Mais que nous mourrons tous les deux
Lorsque Madeleine m’emmenait
Promener sur la jetée
Et que ravie elle s’y saoulait
8. RÉPLIQUE
C’est qu’il faudrait se dire
Ce qu’on n’entendrait pas
Faire taire le désir
De toujours être là
Impossible à convaincre
Impossible à vaincre
La prodigieuse envie
De mots et d’avis
Coupables, coupables de n’avoir pas vu
Sous l’ineffable toute la beauté tue
C’est qu’il nous faudrait changer
Punis, taiseux, naufragés
Sur une île sans bord
Une île sans trésor
Impossible à franchir
Impossible à dire
Tout l’écart qu’il y a
Entre nous et ça
Coupables, coupables de n’avoir pas vu
Sous l’ineffable toute la beauté tue
La belle compagnie
La jolie réplique
Que celles du non dit
Et de la musique
9. GARDE-FOU
Ma régnante, mon lien
Ma louve craintive, moi ton chien
Par cet acte doux, cadencé
J’offre à toi ce que toi voulais
Je dis pardon, je dis rien
Je dis prends donc moi ton tien
Ouvre l’écorce et le cœur
Ouvre porte, allez fais faveur
Ma Béatrix Kiddo
Là pour instruire les sots
Laisser couler quelques larmes
Jamais, jamais dessaisie l’arme
Moi suis devant toi
Je, nous, non pliez pas
L’un encore, l’autre sait tout
Garde-corps contre garde-fou
Régnante, voilà œuvre
Louve craintive, voilà preuve
Acte doux, cadencé
Fait sous came, mais fait soigné
Régnante, moi rien
Louve craintive, moi chien
Acte doux, cadencé
Offre à toi, ce que toi voulais
Saison triste vient
Alors reprends moi ton tien
Ouvre large le cœur
Ouvre porte, fait fureur
10. BRASSE COULÉE
Tout commence toujours dans l’eau du lit de la rivière
Là où le courant nous porte la tête à l’envers
Qu’il est agréable de se laisser faire
Et puis viennent sourdes branches et cachés cailloux
Qui taillent têtes, hanches, dos et derrière des genoux
Qu’il est regrettable que le fil de l’eau souvent se noue
Bien sûr du bord de la berge c’est comme si on voyait tout
Mais du bord de la berge, la vie se passe sans nous
C’est qu’il faut finir par nager
Sauf à désirer douleur et vie de supplicié
Faites quelques bancs de sable, que le fond sauve de se noyer
Si on vit sa vie comme on nage, ici, c’est brasse coulée
Sous les orages, les eaux gagnent en intensité
Si on vit sa vie comme on nage, ici, c’est brasse coulée
Sous les orages, les eaux gagnent en hostilité
Qu’il est secourable d’aimer sans être aimé
Bien sûr du bord de la berge, c’est comme si on voyait tout
Mais du bord de la berge, la vie se passe de nous
XI LIEUX (2016)
1. AILLEURS
Malgré le calme tout autour
Et les reliefs étourdis
Par des milliers d'années de jour
De crépuscules et de nuits
Et même si Dame Nature
A fait preuve d'indulgence
Que miels fruits et confitures
Se trouvent ici en abondance.
La proportion d'ennemis
Est la même qu'à Paris
La proportion d'emmerdeurs
Est la même ici qu'ailleurs.
Malgré les couleurs changeantes
Et le goût sucré des bouquets
Le dénivelé de la pente
Et les pansements que ça fait
Et même si l'été les cris
Qui débordent des rivières
Font vite oublier l'agonie
Qui sévissait au cœur de l'hiver.
La rigueur de l'ennui
Est la même qu'à Paris
La ponctualité du malheur
Est la même ici qu'ailleurs.
Malgré le refuge et l'abri
La longue fuite jusqu'ici
Retranché derrière l'écorce
Les ronciers et les orties
Et même si le silence
S'habille comme l'oubli
Et qu'à quelques mètres de distance
On ne sait plus qui est qui.
L'assassin qui me poursuit
Est le même qu'à Paris
Et le décompte des heures
Est le même ici qu'ailleurs.
2. AU BORD DE L'ABÎME
T'as fait du silence
T'as mis du rien
T'as fait du creux en toi
pour y accueillir
sans ouvrir les bras
Des paquets de cauchemars
Sacs de peine
Petits bouquets de joie
Qui t'ont appris à écrire
Ce qui ne se dit pas
Ce que nous sommes
Ce que nous sommes
Ce que nous sommes là
Ce que nous sommes ou pas
Voilà l'ennemi la bête fauve
La peur d'autrefois
Celle qui nous poursuit
Quand on court
Mais qu'on avance pas
Toi tu l'as nourrie
Rassasiée et serrée dans tes bras
En échange elle t'a dit
Ce qui ne s'apprend pas
Ce que nous sommes
Ce que nous sommes
Ce que nous sommes là
Ce que nous sommes ou pas
Petite Marguerite quitte
Sa jolie robe blanche
Enfile son col roulé
Et doucement se penche
Au bord de l'abîme
Là où les mots nous manquent
Elle prononce son nom
Sais-tu ce que l'écho lui répond ?
3. ICI-BAS
Si je savais parler
Je ne parlerais qu'à toi
Pour ne jamais oublier
Qu’on ne parle qu'à soi.
Je dirais fantastique
Tout inventer comme ça
Moi l'animal domestique
Qui ne s'appartient pas.
Si je savais pleurer
Je pleurerais comme toi
Sur mon sort héroïque
Ou sur mon sors ici-bas.
Moi l'animal domestique
Qui vit encore plus bas
J’écrirai des poèmes
De Cioran ou Duras.
Si je savais mentir
Je ne ferais plus que ça
Interprète principal
Dans le rôle de moi.
J’inventerais le beau, l'ultime l'amour et l'admirable
Garantirais le faux
Comme seule croyance valable.
Et si je savais rire
Je rirais de tout ça
Moi l'animal domestique
Qui suit son maître au pas.
4. PARADIS
Elle te fera devenir Dieu C'indifférence de l'amoureux conformément au commandement
À la règle du jeu du bienheureux
Qu’importent les pleurs des rabats joie
Tant que ta joie demeure, tout va
Conformément au commandement
À la règle du jeu du bienheureux
Au nom de ça au nom de toi
Au nom du mieux au nom de Dieu
Tous les paradis sont construits
Sur des cadavres ou des adieux.
Tu saliras l'Histoire ancienne
Réécriras partout la tienne
Conformément au commandement
À la règle du jeu du bienheureux.
En piétinant joyeusement les restes de ta vie d'avant
Miettes et morceaux d'ennui corps comme des débris Conformément au commandement.
Gloire de la chaleur neuve Aventure en guise de preuve
Éternité retrouvée ne plus jamais échapper
À la règle du jeu du bienheureux
Au nom de ça au nom de toi
Au nom du mieux au nom de Dieu
Tous les paradis sont construits
Sur des cadavres ou des adieux
5. LÀ OÙ RIEN NE VA
Lorsque seul et retranché
Sous l'épaisse cavité
Quand lésé et trahi
Par la longue farce
Que tu nommes vie.
Quand femmes, amis et parents
Attirés par, aspirés dans
Le large tourbillon
Auront perdu l'appétit d'avant et oublié ton nom
À cet instant à cet endroit là
Ce que je fais sera
Tout ce qui te restera
Lorsque repu et comblé Recouvert rassasié
Quand elle aura enfin fait naufrage
L’image cent fois recopiée
Que tu nommes je
Quand il n'y aura plus que ça
Le verbe la mort et puis toi
Petit, petit, petit
Contenu juste posé là ni vide ni rempli.
À cet instant à cet endroit là
Ce que je fais sera
Tout ce qui te restera.
Lorsque la honte au collier
Tes quelques regrets bégayés
La bave au bout du menton
Tu voudras remonter le temps
Et réapprendre à dire non.
Quand ces formules te feront
L’effet que les défaites font
Aux belliqueux empereurs
Comme « ce qui est fait est fait »
Ou « c'est demain que tu meures ».
À cet instant à cet endroit là
Ce que je fais sera
Tout ce qui te restera.
6. À L'ÉPOQUE
On a dit barbarie sauvage éteinte
Par la morale blanche sage et sainte
Civiliser race inférieure
Apporter progrès et bonheur
À l'époque on pensait bien faire
Et que soustraire suffirait
Pour à jamais s'en défaire
Que jamais elle ne reviendrait.
On a dit barbarie perdue
Grâce à l' amour du petit Jésus
Remplacer vieilles traditions
Par blanche civilisation.
On a récité l'humanisme
Voltaire et le rationalisme
Et dit :« Mon frère de mes lumières,
Profite que je t'éclaire ».
À l'époque on pensait bien faire
Et que soustraire suffirait
Pour à jamais s'en défaire et
Que jamais elle ne reviendrait.
Elle est revenue comme avant
À l'intérieur du corps des gens
Elle est revenue se loger là
D’où on l'avait chassée.
On l'a recouverte comme avant
Et de pourquoi et de comment
La barbarie oubliée
Juste sous les mots, cachée.
Que faut-il faire pour bien faire ? Est-ce que soustraire suffira ?
Pour à jamais s'en défaire
Est-ce que toujours elle sera là ?
7. DANS LE MAINTENANT
Coudes collés aux genoux
Joues dans les mains, impotent
Sous les paupières le trou
Du regard perdu dedans.
L’élan coupé à raz
La suite figée dans « Ça viendra »
« Peut-être » et « pourvu que »
Prières et vœux.
Je vendrai ma maison
À celui qui n'y coupera pas les fleurs
Je vendrai ma maison
À celui là seulement
Je vendrais ma maison
À celui qui n'y coupera pas les fleurs
Et comme il ne vient pas
J’attends.
L’attente me l'a dit
Elle aime ma gueule, mon herbe, ma compagnie
Et si je la déteste, elle, elle s'en fout
Elle reste.
Elle dit souvent qu'elle m'apprend
À mettre l'ici et le maintenant
Dans le maintenant
Comment tourner en rond
En marchant droit devant ?
Je vendrai ma maison
À celui qui n'y coupera pas les fleurs
Je vendrai ma maison
À celui là seulement
Je vendrai ma maison
À celui qui n'y coupera pas les fleurs
Et comme il ne vient pas
J’attends.
Parfois je l'imagine
Et alors j'oublie que j'attends
Toujours je le dessine souriant.
Mais l'attente n'attend pas
Et vient me ravir l'insouciance
Ce que je pense à ça
C’est fou quand j'y pense.
8. AU SEPTIÈME
Premier verre et premier couplet
J’observe autant que je me tais
Les phrases fuser de partout
Et le rhum juste en dessous.
Mon Dieu ce que la terre est ronde
Et ma misanthropie profonde
On vient me parler et je cède
Ah ! Comme cette fille est laide !
Deuxième salve, je commande mieux
La verve, les mots et le sang
Pendant que l'on me recommande
De quitter le rouge pour le blanc.
Mon Dieu que la terre est féconde
En rêves et renversements
Me voilà maintenant qui inonde Cette fille de compliments.
C’est pour faire honneur au proverbe
Qui dit que jamais deux sans trois
Oui, c'est par amour du verbe
Que nous passons à la vodka.
Mon Dieu que la terre est penchée
Il y a juste à marcher pour le voir
Elle dit que sa peau est sucrée
Faut que je goûte pour le croire.
Fait chaud pour un mois de janvier
C’est qu'on se croirait loin d'ici
Allons gamine rentrons à pieds
J’habite à deux verres de whisky.
Mon Dieu que la terre tourne vite
Et qu'ils sont nombreux ces escaliers
C’est au septième que j'habite
Mais c'est ici que je vais m'écrouler.
9. DANS L'ENTRE-DEUX
Corrige un peu ta voix
Corrige-la comme ça
Corrige-la pour moi
Et puis corrige moi.
Ajuste ton dessin
Que j'y pose les mains
Quand t'auras changé ça
Ça me changera.
Assassine le mien
Sans demander pourquoi
Exécute le tien
Et exécute-moi.
Il n'y a que là
Que le vertige s'en va
Et qu'il est possible d'oublier
Qu’il n'y a rien sous nos pieds
C’est dans ce lieu
Là, dans l'entre deux
Que j'observe les montagnes
Qu’il va me falloir déplacer.
Si il vient une femme
Qui veuille s'immiscer
Dans ce petit intervalle
Sans que tu l'aies invitée.
Tu peux compter sur moi
Comme on compte sur ses doigts
Elle sera loin derrière
Bien avant l'annulaire.
Parce qu'être un homme
C’est n'être que le tien
Et tant pis pour les pommes
Qui s'entassent au jardin.
Il n'y a que là
Que le vertige s'en va
Et qu'il est possible d'oublier
Qu’il n'y a rien sous nos pieds
C’est dans ce lieu
Là, dans l'entre deux
Que je compte les montagnes
Qu’il va me falloir déplacer.
Longtemps j'ai fait le roi
Mi-Dieu mi-maitre, moi
Longtemps j'ai fait le coq et
Quelques poules aimaient ça.
Maintenant je suis chien
Fidèle et mort de faim
Un clebs pratiquant
Et la rime et le chant.
Et le son de ta voix
À cet effet sournois
Que j'oublie tout l'autour
Et que je m'oublie moi.
10. SOUS LA VOÛTE
Si le sel sèche sur ta peau
C’est que c'était trop
Cours plus vite encore, serre l'étau
Montre-moi ma mort.
Sous la voûte claire, des regards clos étouffés d'efforts
Le cri du silence sera là bientôt
Vas-y cherche encore.
Dès l'aube tout ça aura disparu
De remords tous les deux dépourvus
Délaissé le souvenir accablant
Recouverts d'une couche de blanc.
Apprivoise les formes et le fond
Montre-moi comment saler l'addition
Utilise ça ne se saura pas
Montre-le moi là ce qu'il n’y a pas.
Dès l'aube tout ça aura disparu
De remords tous les deux dépourvus
Délaissé le souvenir accablant
Recouverts d'une couche de blanc.
Saisie sans dessous dessus le vi...
Le visage perdu
On peut y voir le rythme des saisons
Défiler, défendu.
C’est en bon propriétaire
Que j'arpente ces terminaisons nerveuses
Il m'a semblé un instant
Te voir à l'envers te voir heureuse.
Dès l'aube tout ça aura disparu
De remords tous les deux dépourvus
Délaissé le souvenir accablant
Recouverts d'une couche de blanc.
11. SAINT-NAZAIRE
Pas me demander de sourire maintenant
Pas me demander d'avoir l'air amusant
Quand il y a mon corps qui est en train de se déchirer
Un morceau là et l'autre sur le quai.
Image de son dos tourné
Comme défaite comme faute avouée
Juste vouloir m'effacer
Vouloir cette douleur tatouée.
L’architecte de la gare de Saint-Nazaire
aurait du construire un cimetière
L’ambiance aurait été meilleure
Au moins il y aurait eu quelques fleurs.
Comme les trains partent jamais avant l'heure
Les pères s'en vont et leurs fils d'eux meurent
Le grand frère sera jamais consolé
La mer sera toujours agitée.
Chansons de gare, chansons de départ
Monuments d'anciens déchirements
Quand le papa il fait à son gamin
Avec les yeux un signe de la main.
L’architecte de la gare de Saint-Nazaire
aurait du construire un cimetière
L’ambiance aurait été meilleure
Au moins il y aurait eu quelques fleurs.
Comme pour un remerciement
Voilà poème aux parents
qu’ont pas pu déposer marmaille
sur jolis rails.
Comme pour un remerciement
Voilà poème aux parents
qu’ont pas su déposer marmaille
sur jolis rails.
ENTRE MILLE BEVUES- LIVE (2015)
1. AAA
2. MAUVAISE GRAINE
3. LES GRANDES PLAINES
4. L'AUTRE
5. 657 KILOMÈTRES
6. ENCORE
7. HOSPITALITÉ
8. QUELQUES PAS EN ARRIÈRE
9. LE MAL EST FAIT
10. SAGE RENONCEMENT
11. LA MER D'ARAL
12. GÉNÉALOGIE
13. COMME SI
14. TENTATIVES RATÉES
15. ENFUMÉE
16. DE LA MÊME FACON
MAUVAIS SENTIMENTS (2014)
1. L'AUTRE
Ça occupe toujours un peu trop d’espace
Soit ça déborde soit ça dépasse
Ça laisse traîner son corps au milieu du décor
Ça vient respirer mon air
Ça vient me dire comment faire
Ça gêne et ça colle
Ça encamisole, c’est l’outil du désaccord
L’incisive du remords
C’est le mien qui devient le nôtre
C’est lourd c’est laid c’est
L’autre ce qu’il était beau le monde avant lui
Moi et ma gueule jusqu’à l’infini
Sans aucun contour
Jamais et toujours
J’étais la surface de l’eau
La caresse du courant d’air
J’étais le monde vu d’en haut
Sans endroit et sans envers
Avant ma définition
Avant l’heure des finitions
Avant les erreurs et les fautes
Avant les mots de l’autre
C’est celui qui nous met à genoux
Qu’on évite ou qu’on cherche partout
Celui qu’on pourrait être
Celui que l’on voudrait être
Dans l’oubli de l’émotion
Le désir de l’invention
C’est celui en qui l’on croit
Non l’athée n’existe pas
Qu’on lui dise Dieu ou qu’on lui dise toi
Qu’on l’imagine ou qu’on le voie
C’est l’existence de ce qui n’est pas
Partout autour, c’est là.
2. AAA
À voir leurs sourires sur leurs gueules,
On parierait que le bonheur
est la cicatrice de ceux qui veulent
Et puis détiennent et puis reveulent
C’est la balafre horizontale,
La devanture du capital
AAA avoir le bel écueil
T’emporteras rien dans le cercueil
À vivre des rêves sur mesure,
On finit par croire en l’imposture
De l’occidentale logique
Qui du barbare ou de l’authentique
C’est ce qui était marqué dans le journal,
La propagande du capital
AAA assassins par procuration
C’est ce que font de nous leurs élections
À rationaliser l’absurde
Et à remplir le vide de certitudes
Priez pour nous pauvres savants
Qui ne pouvons plus vivre autrement
Ici tout se calcule et tout s’avale
C’est le crédo du capital
AAA amen quand Dieu sera mort
Ils diront qu’ils ont retrouvé le corps
3. MAUVAISE GRAINE
C’est une graine sombre et dure
Qui se fige en profondeur
Chez le brave comme chez l’ordure
Entre la haine et la peur
Elle développe ses racines
Dans les muscles et dans les mots
Forme des phrases assassines
Déforme et brise les os
Mon corps ne la contient pas
Il est trop petit pour ça
Elle s’en échappe et se glisse
Ressort par les interstices
Elle ouvre les arcades en deux
Et le sang chaud dans les yeux
Aveugle celui qui perd
Les bonnes occasions de se taire
C’est là où les objets volent
C’est là où le sort s’acharne
Que le coléreux rafistole
Sa vie autour du vacarme
C’est ça monsieur le procureur
La colère c’est cet endroit
Entre la haine et la peur
Et juste au bout de mon doigt
Monsieur le procureur c’est ça
La mauvaise graine dans mon cœur
Qui fait se dresser mon doigt
Dans un joyeux bras d’honneur
4. MEILLEURS AMIS
Mauvais sentiments
Mes meilleurs amis jusqu’à maintenant
Pas ceux qui se fâchent et puis qui te lâchent
Ceux qui restent proches et qui s’accrochent
Les fidèles constants
Comme une ritournelle
un rien collants
L’étron canin sous ta pompe toute neuve
La voix du défunt pour la jeune veuve
J’aime pas l’amusement
À chaque fois que je ris ça me surprend
Je sais pas quoi répondre à ce journaliste
Qui dit qu’il aime bien mais que c’est triste
Laisse-nous seuls moi et mon pote pathos
Va donc interviewer Carlos
Fourre-toi ses ananas dans le fondement
Et va les chier sur un autre continent
J’aime pas le contre j’aime pas le pour
Les faces opposées de la même pièce
Je préfère la vengeance comme recours
Que de gueuler avec une foule en liesse
J’aime pas les grands rassemblements
Où tout se passe bien où tout le monde est content
Je conchierai la majorité
Tant qu’il y aura 60 millions d’écrans de télé
Parce que la loi du plus grand nombre
C’est la loi de la norme et que la norme me fait
L’effet que font d’antiques décombres
Sur un gosse de 15 ans en plein mois de juillet
Foutu ressentiment
Foutu pour foutu dis-le-lui franchement
J’aime pas tes questions et j’aime pas les gens
J’aime pas cet endroit et j’aime pas cet instant
J’aime pas les mots qu’on répète tout le temps
Sans même savoir pourquoi on les dit
Les phrases toutes faites les arguments
Sans se demander ce qu’ils signifient
C’est quoi être positif ?
C’est quoi prendre sa vie en main?
C’est quoi oser être soi-même ?
Et c’est par où le bon sens putain ?
Je sais que tu crois qu’on est du même camp
Tacitement d’accord et puis qu’on se comprend
Mais ton vocabulaire privé de poésie
Ma fait manquer d’air jusqu’à l’asphyxie
J’ai besoin d’autre chose que ce que tu répètes
Tu récites tu radotes et puis tu caquètes
La vulgarité de tes compliments
me fait penser à quel point j’ai besoin dès maintenant de
Mauvais sentiments
Mes meilleurs amis jusqu’à maintenant
Pas ceux qui se fâchent et puis qui te lâchent
Ceux qui restent proches et qui s’accrochent
5. DÉSIR DE VENGEANCE
Qu’il fallait donc que je t’en veuille
Pour que juste avant le cercueil
Je déride une dernière fois
Celle qui avait fait de toi
La pire espèce d’enfoiré
Qu’une mère ait jamais porté
Il m’a fallu bien du courage
Pour lui retirer son corsage
Pour qu’elle croie que ce n’était qu’un jeu
Si jamais je n’ouvrais les yeux
Mais rentrer par où t’étais sorti
M’a vengé de toi en partie
Ca a apaisé ma colère
Avant qu’elle n’aille au cimetière
Quand j’ai fait l’amour à ta mère
Fallait te détester tellement
Pour que juste avant ses 16 ans
Je n’offre sa première fois
À celle qui ne voit en toi
Que la pire espèce d’enfoiré
Qu’une fille ait jamais supporté
La petite a du caractère
C’est tout l’inverse de son père
Ce n’est pas un con c’est un gouffre
Et c’est qu’il m’en a fallu du souffle
Mais rentrer dans ton fruit défendu
M’a vengé de toi un peu plus
Elle était fraîche elle était docile
Ma petite leçon avec un c cédille
Quand j’ai fait l’amour à ta fille
Je pensais en avoir fini
De ma croisade vers l’infini
Quand elle s’est jetée dans mes bras
T’insultant et crachant sur toi
La pire espèce d’enfoiré
Qu’une femme ait jamais épousé
J’avoue j’ai manqué de courage
Devant ce morceau de naufrage
En pensant à tous ceux qui comme toi
Etaient déjà passés par là
Mais malgré mon désir de vengeance
J’ai prétexté l’abstinence
Ce qui te tue ce qui te condamne
Ma satisfaction le juste retour de flamme
C’est que tu doives te taper ta femme
6. COMME SI
Attention à ne pas s’endormir
Au milieu de la conversation
Ne pas se relever et partir
Sans prétexter de bonne raison
Penser à hocher parfois la tête
Pour indiquer qu’on est encore en vie
Eviter de gâcher la fête
Et s’appliquer à tout bien faire Comme si
Ne pas insulter les mamans
Des petits bambins qui braillent Au pied de la scène
Ne pas cracher sur les écrans
Si je voulais qu’on me filme J’aurais fait comédienne
Laisser cuver sans faire attention
Le crevard devant et ses 2 Grammes dans le sang
Soigner son interprétation
En s’appliquant à tout bien faire semblant
Faut pas défigurer le grand chef
Ni traquer sa famille ses amis bref
Pas commettre d’assassinat
Ni céder à la tentation de l’attentat
Rester enfermé dans sa tête
Au chaud contre ses vérités
Le prix à payer pour être honnête
C’est de s’appliquer à plus jamais parler
7. L'ÉCART
Les jolies différences
Ne doivent pas être enterrées
Sous des monceaux de tolérance
Sous le prétexte d’égalité
Aller taquiner l’impossible
Revenir bredouille et frustré
Tourner autour de l’indicible
Aiguise mon désir de chanter
Les jolies différences
Ne doivent pas êtres brimées
Par la toute puissante bien-pensance
Et son cortège d’universalité
Se farcir l’incompatible
Revenir vaincu et forcé
D’admettre que l’inaccessible
C’est le désir sans rivalité
Tes jolies différences
M’empêchent de te rencontrer
Et c’est quand c’est perdu d’avance
Qu’on tombe sur l’inespéré
Mon inconnue ma pas pareille
Ma marge mon pas de côté
C’est l’écart de la lune au soleil
Qui aiguise mon désir de t’aimer
8. LES PERSUADÉS
Au commencement lorsqu’il est arrivé
Avec sa jolie gueule et son prêt-à-penser
Seuls les enfants osaient s’en approcher
En éclaireurs rapportaient racontaient
Le second jour déjà le bruit court
Son boniment a bien fait son effet
Les braves gens ne font plus de détours
Tous s’avancent et restent stupéfaits
Devant les outils les objets
La technique et l’effet
Le gain les intérêts
Les valeurs du progrès
C’est que Monsieur promet et garantit l’accès
Au bonheur logique pratique et sans délai
Le 3ème jour il est autorisé
Officiellement par les autorités
Le 4ème se pointent les religieux
La mine blême et le regard soucieux
Mais c’est déjà trop tard les ouailles sont détournées
Partout on peut les voir asservies prosternées
Devant les outils les objets
La technique et l’effet
Le gain les intérêts
Les valeurs du progrès
La fièvre se répand comme une contagion
Celle de l’innovant celle de la perfection
Le 5ème jour voit mourir le futile
Partout le même discours à la gloire de l’utile
Le matin du 6ème on enterre le sacré
Sans aucun requiem mais avec l’obscénité
Celle des convaincus celle des persuadés
Partisans de l’abus prêts à se faire buter
Pour des outils des objets
La technique et l’effet
Le gain les intérêts
Les valeurs du progrès
Aujourd’hui c’est dimanche et Moi je veux m’enfuir
Mais plus rien n’est étanche Partout il transpire
Il a conquis les corps investi les esprits
Le royaume de l’encore et des roses à crédit
À Elsa Triolet et Jacques Ellul
9. L'ÎLE
Toits d’ardoise grise partout autour
À perte de sentiments
Le temps s’éternise ici tout est toujours
Tout gris ou tout blanc
La belle devise
Qui la voit paraît-il peut voir son sang
Si on avait su
On aurait fermé les yeux tout le temps
Dommage dommage dommages
Aux corps innocents
Banlieue Paris nouveau printemps
Tout qui grandit jusqu’au cri déchirant
Depuis les yeux fermés en solitude
C’est chaque fois ce cri que j’entends
C’est ton visage et tout le blanc
C’est l’adage qui a pris son temps
De ton sommeil où rien ne bouge
Sauf les vagues
J’espère que tu m’entends
Courage courage courage
Aux corps innocents
Des files de rameaux
La route qui défile
Ce qu’on tombe de haut
On s’arrache à la ville
Comment tourner le dos à la mer
Quand on vit sur une île
De l’alcool et du vent
Retour au commencement
Avant que tout reprenne
Suspendons cet instant
Envolons notre peine
Au fond de l’océan
Hommage hommage hommage
Aux corps innocents
Ma douce déraison
J’ai compris la leçon
Tout ne tient qu’à un fil
Le temps cet imbécile
Me pousse dans le dos
Rentrons à la maison
Glissons-nous sous les draps
Là je ne tiens qu’à toi
Oublions cet exil
Retrouvons l’inutile
Le plaisir d’échouer
Allons nous échouer là
Rivage rivage rivage
Aux corps innocents
À mon épouse
10. GÉNÉALOGIE
Il avait opté pour la fuite
Mais voilà c’est l’impasse
Plus on se met à courir vite
Moins on voit où l’on passe
À peine s’est-il retourné
De suite il doit faire front
Aux fils de putes qui le coursaient
Sur des générations
Retranché au bout de la branche
Derrière c’est le vide
Malheur à celui qui se penche
C’est la vie qui décide
D’un côté ce qui s’est passé
De l’autre l’avenir
Définitivement oublié
Ou vague souvenir
Ah la jolie généalogie
La branche la sève le sang la fleur le fruit
Ah la jolie généalogie
Longtemps, longtemps Longtemps jusqu’aujourd’hui
C’est le déclic c’est l’instant
De passer à l’action
Lorsqu’à court d’arguments
C’est l’allonge qui répond
Aveuglement rentrer dedans
La pointe du menton
Assurément serrer les dents
Faire preuve de précision
Mais rien ne se passe comme prévu
Avec le vide au cul
Et cette branche qui se plie
Se penche et puis remue
C’est comme si les types devant
Avaient déjà prévu
Ses feintes et ses enchaînements
Comme s’ils les avaient conçus
Ah la jolie généalogie
La branche la sève le sang la fleur Le fruit
Ah la jolie généalogie
Longtemps longtemps Jusqu’aujourd’hui
Il a vu venir le crochet
Mais l’a laissé passer
Autant essayer de lutter
Contre des types armés
L’éclair en un instantané
Et le voilà couché
Sans peur et sans douleur
Juste à la hauteur des fleurs
Les silhouettes des agresseurs
Peu à peu s’envisagent
Comme l’ombre et puis la fraîcheur
De délicieux branchages
Son sang s’écoule sur le sol
Et vient alimenter
La sève des racines molles
Avant de remonter
Le long du gigantesque tronc
Et jusque dans les airs
Sur la branche qui tient bon il penche
La tête en arrière
Le corps encore à l’agonie
Et le cœur au mystère
Il observe un petit fruit
Mûrir seul à la lumière
Ah la jolie généalogie
La branche la sève le sang la fleur Le fruit
Ah la jolie généalogie
Longtemps longtemps jusqu’aujourd’hui
11. MADEMOISELLE
Ma main touche dans ma poche
L’objet de ma demande
Il s’agit que je m’approche
Et qu’à coup sûr tu m’entendes
Car je ne répèterai pas
Cette question de foi
Je sais faire la différence
Entre opinions et croyances
Comme ça n’est pas le moment
J’en profite pour repenser
À tout ce que m’ont dit les gens
À leurs critiques rabâchées
Ils m’ont dit que ça sert à rien
Ils m’ont dit que c’est contraignant
Ils m’ont dit j’en n’ai pas besoin
À part peut-être pour l’argent
Ils m’ont dit que les autorités
N’avaient rien à foutre là-dedans
Avant de courir se pacser
En bons hétéros intéressés
Ils m’ont récité tout Brassens
Débité tous leurs arguments
Pire que Paris contre la province
Ou que l’anar contre le fascisant
Ils m’ont fait le coup du discours
De la liberté qui s’éteint
Du devoir contre l’amour
Et mademoiselle qui la rejoint
Pendant des heures seriné
Qu’ils seraient contre pour toujours
Avant d’aller manifester
En gueulant qu’ils étaient tous pour
Ah si j’avais été gay
Ils m’auraient foutu la paix
Ma main touche dans ma poche
L’objet de ma demande
Il s’agit que je m’approche
Qu’à coup sûr tu m’entendes
Car je ne répèterai pas
Cette question de foi
J’ai bien compris la différence
Entre opinions et croyances
12. SUPERCHERIE
On y vivait passionnément
contre l’ennemi
Tout contre évidemment
On s’y cachait
disparaissait
Et on s’en enfuyait
Nostalgique à jamais
Ici on vit machinalement
Et l’ennemi planqué en nous
Aveugle et ment
On s’y méprend
Et l’on s’y fait
La poudre aux yeux apparemment
N’explose jamais
Comme dans ma dictature
Ma tendre torture
Avant leur liberté
Leur sérénité chérie
La seule issue
Leur supercherie
On y aimait dangereusement
Se foutant du coût
De l’après et de l’avant
Mais le mal enflait Insidieusement
Tumeur maligne éradiquant
L’édifice à la racine
Ici on lutte convenablement
Et les révoltes se perdent
Dans les échos des beuglements
Quelques branches cèdent
Quelques feuilles tombent
Mais jamais la structure
De l’arbre ne s’effondre
Comme dans ma dictature
Ma tendre torture
Avant leur liberté
Leur sérénité chérie
La seule issue
Leur supercherie
Le choix tue tout dedans
L’arbitraire non
Rappelle-moi fiston
Le goût sucré de la transgression
Le droit tue tout dedans
L’arbitraire non
Rappelle-moi fiston
Le goût sucré de la transgression
Dire que j’attendais ça
Comme une récompense
Fuir de cet endroit
Échapper à l’enfance
LE POIDS DU SUPERFLU (2012)
1. ENFUMÉE
Si on t’avait dit
Que pour payer l’addition Faudrait toute une vie
Que le coût de l’affliction serait infini
Qu’en fourrant le doigt là-dedans T’y mettrais aussi
Ton sourire et tes dents
Si on t’avait dit
Que tu devrais chercher là où Rien n’est écrit
Qu’une fois tombé dans ce trou La porte de sortie
Est aussi dure à trouver dans un incendie
La tête enfumée
Si on t’avait dit
Que ça cramerait tout
Plus rien à croquer ne plus sentir de goût
Rien à inventer juste tenir debout
On peut rire de tout mais Comment guérir de tout
Si on t’avait dit
Qu’il faudrait réapprendre l’acte et l’envie
Croire qu’au milieu des cendres il y a du sursis
Que juste avant de te rendre un corps ou un cri
Peut encore te surprendre
Si on t’avait dit
Que c’est la nature de l’homme De se croire permis
De s’autoriser en somme ce qu’il s’interdit
Ça n’aurait rien changé les choses on les vit
Ou on passe à côté
Ce que je me dis
Ce que je tire comme leçon Quand j’y réfléchis
C’est le goût de l’addiction est un bon ami
Et que personne n’apprivoise les grands incendies
Partent tous en fumée
2. LE POIDS DU SUPERFLU
J’étais tout lourd tout cassé tout corrompu
Par la weed et le temps passé en continu
À te courir après
Sans savoir à quoi tu ressemblais
La mine à sec et les cartouches vidées
L’air dans la tête mais rien sur le papier
Sauf quelques mots
Aussi engageants qu’un verre d’eau
Le poids du superflu
J’ai tourné autour des mots pendant des plombes
L’électron près du noyau poursuit sa ronde
Ni ne dérape
Ni ne le touche ni ne s’en échappe
Avoir si souvent pensé t’avoir trouvé
Dans le verbe lisse et le style bien trempé
Me faisait continuer
Mais jamais je ne ressentais
Le poids du superflu
C’est l’histoire d’une défaite non résolue
C’est la soustraction de l’avoir sur le voulu
Sur ce qui aurait pu
C’est l’histoire de ta non venue
Tu t’es pas laissée coucher sur le papier
Qui sait ce qui en serait sorti ce qui en serait né
À mon avis
Quelque chose qui aurait porté
Le poids du superflu
3. LA MER D'ARAL
Elle agrandit les pièces
Et allonge les ombres
Fait de la vie une messe
La rend triste et puis sombre
Ressemble à lassitude
La solitude
Elle rend les gens autour
Aveugles et puis sourds
Ils ne nous entendent plus
Et puis ne nous voient plus
C’est pour ça qu’on se terre
Nous les solitaires
Elle choisit son moment
Lorsque l’heure est grave
Lorsque la page est blanche
Que le manque s’entend
Quand on est une épave perdue dans
La mer d’Aral
C’est comme ça qu’elle s’avance
En dernière compagne
Petite dépendance
Deviendra une montagne
D’amour et d’impuissance
C’est toujours elle qui gagne
On la trompe souvent
Avec de pâles copies
L’illusion un moment
De savourer l’ennui
Dans la fume ou l’alcool
De nos camisoles
Et chaque fois elle revient
Comme un dimanche matin
Le temps travaille pour elle
En bonne mère maquerelle
Jamais rien ne l’affole, elle sait bien
Que la came isole
Elle agrandit les pièces
Et allonge les ombres
Fait de la vie une messe
La rend triste et puis sombre
Ressemble à lassitude
La solitude
4. DE LA MÊME FACON
L’échec est ma thématique
Je m’y colle et je m’y applique
C’est comme un objet d’art
Ce que l’on produit sans même le savoir
Rater avec talent
Rater un peu mais rater sûrement
Rater avec ambition
Mais rater toujours de la même façon
Déguster son erreur
La partager y penser des heures
Retracer la logique
Reprendre les routes jusqu’au sens unique
Rater convenablement
Rater en s’appliquant
Rater avec délectation
Mais rater toujours de la même façon
Plaisir de dire putain
J’y étais presque j’étais pas loin
Avoir une bonne raison
De frapper dans un mur
En se servant de son front
Rater consciencieusement
Rater comme quand on ment
Rater avec précision
Mais rater toujours de la même façon
5. HOSPITALITÉ
Lorsque mes dents seront toutes tombées
Et que je ne marcherai plus
Qu’un inconnu viendra me changer
Mais que plus rien ne changera jamais
Plus la solitude me rendra de visites
Et plus souvent je m’en irai
Courir rejoindre avant qu’ils ne me quittent
Les souvenirs que je rattraperai
Du temps en ta compagnie
Pour tromper l’ennui jusqu’à midi
Du temps en ta compagnie
Pour m’accompagner jusqu’à minuit
La nourriture reprendra le goût
De tes 2 hanches et de leur Hospitalité
J’entendrai sans me tordre le cou
Ton souffle derrière l’oreiller
Et j’arriverai enfin à revoir
Les choses comme tu les voyais
Sans la colère et sans l’épais brouillard
C’est au soleil que je repasserai
Du temps en ta compagnie
Pour m’accompagner jusqu’à minuit
Du temps en ta compagnie
Pour tromper l’ennui jusqu’à midi
Si la faucheuse arrive par derrière
Sans prévenir sans le dire à mon auriculaire
Si j’ai le temps de me sentir tomber
Je sais où j’irai m’allonger
Dans un hamac solidement attaché
Entre un chêne et un châtaigner
L’éternité planquée sous les étoiles
Niché au chaud son ton ombilical
6. ENCORE
Dès les premiers instants de ce que sera sa vie
Dès les premières minutes tout juste sorti
Lorsque les jambes en l’air et la tête à l’envers
On essuyait son corps en rassurant sa mère
Dès le tout premier cri rien voulu rien choisi
On le lui a fourré dans le fond du gosier
Le bon lait qui endort et apprend à se taire
Fait oublier la mort et dormir les yeux ouverts
Pour faire se coucher une jolie môme
Berce-la de jolis mots
Pour faire se coucher un homme
Berce-le de belles sommes
Pour faire se coucher un pays
Berce-le démocratie
Et attends qu’ils en redemandent Encore
Des berceuses et du miel
Pourvu qu’il ait sommeil
Un bon grand méchant loup
Pour le mettre à genoux
D’abord gentil enfant
Puis fidèle ou partisan
De toutes les églises
Et de tous les courants
Machine à vouloir
À ramper et à croire
Aux mots caméléons
Au joli dérisoire
C’est qu’il est déjà prêt
Et capable de tout
Pour se gorger de lait
Et vivre à demi fou
Pour faire se coucher une jolie môme
Berce-la de jolis mots
Pour faire se coucher un homme
Berce-le de belles sommes
Pour faire se coucher un pays
Berce-le démocratie
Et attends qu’ils en redemandent Encore
Regarde-le maintenant
Chercher le sens du vent
Entre les courants d’air
Où quelques adultes errent
Au milieu du rayon
Des produits alimentaires
Entourés de gens bons gerbant
Discours et prières
Une petite démangeaison
Sur le bout du menton
Lui fait se poser la question
A-t-il choisi ou non
Le bon sens du mauvais
Et son goût pour le laid
Sa vilaine peur du vide
Et surtout ce qu’il est
N’avoir qu’une seule vie pas Voulue pas choisie
Devoir se la payer parce que c’est Pas gratuit
La petite musique de fond qui Respire la défaite
Te parle de révolution entre 2 tranches de steak
7. SUBTILS SUBTERFUGES
La pendule a stoppé son cours
Comme pour indiquer
Que cet instant mérite un détour
Un p’tit temps d’arrêt
C’est fou ce que le cerveau trouve
Comme subtils subterfuges
Pour nous faire oublier
Que la machine à avancer
Finit tout le temps et toujours
Par se mettre à rouiller
La poussière dessine les contours
d’invisibles objets
Qui s’agglutinaient tout autour
Lorsque le lieu vivait
C’est fou ce que le cerveau trouve
Comme subtils subterfuges
Pour nous faire oublier
Que l’on ne construit jamais d’empire
Juste des putains de châteaux de cartes
Prêts à s’effondrer
J’échappe à la notion du vide
Et sait qui m’y a poussé
Cette rengaine en guise de béquille
Et le temps qui passe pour m’en passer
Écoute ce que mon cerveau trouve
Comme subtils subterfuges
Pour me faire ouvrier
De la machine à recommencer
Qui le temps d’un détour
Finit par tout réinventer
Dans mon dos le couteau planté
N’a laissé qu’un joli sourire
Figé là pour me rappeler
Que le passé se fout bien de L’avenir
Écoute ce que ma guitare trouve
Comme subtils subterfuges
Pour me faire ressentir
À l’instant où la porte s’ouvre
La sensation de l’évadé
Qui se met à courir
8. CARNAVAL
chaque année le 14 juillet, Lorsque l’hymne retentitil faut les Regarder se lever avec leurs Figures d’affranchisfixer la même Direction un tout petit morceau D’horizonon peut palper la Nostalgie de l’Asie et de L’Algériesentir monter l’émotion À l’évocation de la nationl’amour Du travail bien fait du bon boulot Du travail de français
Ils doivent penser aux paras, aux faf de Saint-Cloud à Brazza
Venus remplacer le président Entre 2 viols et un bain de sang
C’est vrai qu’on est en temps de guerre et que la haine est là pour nous plaire
Eux ils s’en carrent bien profond Des idées de Cheikh Anta Diop
Ou qu’Al Biruni avait raison Longtemps avant le téléscope
Toujours la même direction le Tout petit morceau d’horizon
En fantasmant l’ordre idéal ils remodèlent l’occident
Sous la forme d’un carnaval où Les gens vivent les 2 pieds devant
Partout les mêmes capitales parias ceux qui vivent autrement
Ils veulent
une évidence et une logique Raides comme l’amour du fric
Qui assimile tout sur son passage Des idées jusqu’aux paysages
Une aventure dans un parcours fléché une dictature qu’on apprend à aimer
Et c’est sur les Champs-Elysées Qu’ils montrent avec quoi ils l’imposent
La barbarie civilisée au milieu des marques grandioses
C’est vrai qu’on est en temps de crise et que la haine aime qu’on l’attise
Peuples sauvages ou opprimés Selon le côté de l’horizon
Ils vont venir vous la refiler la liberté de compromission
Les lendemains des révolutions Tout le monde aura sa promotion
À moins que quelques singuliers remplaçant l’ordre par l’instinct
Avec leurs gueules de paysans, De Louise Michel, d’Aurore Martin
Décident de se mettre à se lever Pour autre chose que pour du rien
Alors tous les ans le 14 juillet ils se retrouveront pour vérifier
Qu’une armée de récalcitrants ne vient pas leur foutre une branlée
Il y en a des centaines de millions
regarde le point à l’horizon
9. COMÉDIE
Tout est calme et tranquille
Les jours se suivent et défilent
Au garde-à-vous devant ses habitudes
Il gère tout ça très bien
Se répète qu’il est certain
De se connaître avec exactitude
Il vit tout entouré
Toujours accompagné
Conforme au milieu de la multitude
Mais il y a quelque chose qui change
Quelque chose qui le démange
Un peu comme une nouvelle aptitude
C’est comme si tout était écrit
dans une comédie
Où chaque comédien oublie
Que quelqu’un parle à travers lui
Il entend le discours
Et le contre et le pour
Couvrir les voix de ceux qui braillent autour
Repère les accessoires
L’écran et l’ étendard
Aident à faire glisser la morale de l’histoire
Observe le décor féerie tricolore
masquer l’odeur
La gueule des coupables et les corps
Perçoit les personnages
Et la norme et la marge
Chacun déterminé par son usage
C’est comme si tout était écrit
Dans une tragédie
Avec comme seul choix cornélien
Soit une vie de maître soit une vie de chien
La doxa l’a repu
Il ne gobera plus
N’avalera rien sans son consentement
Ni pouvoir de suggestion
Comme une indigestion de bons sentiments
Méfiance leur conscience ment
C’est qu’il est temps pour lui
D’improviser sa vie
Quitter l’étable
Fuir l’évident et l’inévitable
De tomber amoureux
Ou bien foutre le feu
Au sens commun aux dogmes
Aux mythes et aux dieux
Et alors tout sera écrit
Dans une poésie
Sans personne pour lui dire ce qui
est bon ou pas pour lui
10.. LES TRANSITOIRES
Celui qui part
Retrouve la chance du débutant
La gnaque et la cadence des premiers temps
La vigueur et la force du contre-temps
Celui qui part
À l’anonymat sans histoire
Le reflet des possibles dans le regard
La belle perspective des transitoires
C’est trop tôt pour se mettre à penser
À ceux qu’il a laissés
Celui qui part
Entend combler son manque d’envergure
Remplacer la bonne planque par l’aventure
Éprouver l’émotion que rien ne dure
Celui qui part
Sait s’il y a autre chose autre part
D’autres orchestrations du hasard
D’autres définitions de l’être et de l’avoir
Il essaye de ne pas trop penser
À ceux qu’il a laissés
Celui qui part
Te parlera souvent à l’imparfait
Te dira où et quand, qu’il y était
Mentira de temps en temps sur qui il était
Celui qui part
Évitera soigneusement les miroirs
De peur d’y croiser celui qu’il était
Celui que l’on fuit mais qui ne part jamais
Il voudrait que ceux qu’il a laissés
Ne sachent plus qui il est
11. LES GRANDES PLAINES
C’est ici que je te laisse
C’est ici qu’on se sépare
Et même si ta vue baisse
Tu verras tous les soirs
Le soleil se coucher
Sur son grand tapis noir
Dis-toi que je suis de l’autre côté
T’auras juste à y croire
Comme je sais que t’aimes
Les grandes plaines et les ports
Pour te dire que je t’aime
Je t’offre ce décor
Dans un coin de ma tête
Caché comme un trésor
Dans un coin de ma tête
Mon cowboy s’endort
Cette fois-ci c’est la bonne
J’essaye la vie à deux
Avec une vraie personne
Une qu’on regarde dans les yeux
C’est normal qu’elle dise non
C’est normal qu’elle veuille pas
Elle dit que tu lui fais peur
Parce qu’elle ne te voit pas
Tu vas rester sagement
Mon partenaire d’avant
Je repasserai un peu
Quand je fermerai les yeux
Comme je sais que t’aimes
Les grandes plaines et les ports
Pour te dire que je t’aime
Je t’offre ce décor
Dans un coin de ma tête
Caché comme un trésor
Dans un coin de ma tête
Mon cowboy s’endort
12. TENTATIVES RATÉES
La force du choc de ta tête
Contre le coin de la fenêtre
A fait bouillir et jaillir
Ton impuissance
Tout transi tout figé
Tu t’apprêtes à mettre
Le crochet du droit
Et de la vengeance
Mais ton reflet t’arrête
Et te saisit par les yeux
Comme le font entre eux
Les amoureux
Et cette image te laisse
Une suggestion
Peut-être bien
Qu’il serait bon
De ne jamais devenir ce que tu es
Et puis tu fixes une mouche
Sur le carreau de cette fenêtre
Ses tentatives ratées
Pour le traverser
Et tu te dis que ta vie
Se résume peut-être
À une incontournable
impossibilité
Les cadavres de
Ses congénères à tes pieds
T’incitent silencieusement
À te dépêcher
Cette image te laisse
une suggestion
Peut-être bien
Qu’il serait bon
De ne jamais devenir ce que tu es
Dehors le vent souffle
Un peu plus fort
Il ouvre la fenêtre
Un peu plus encore
Le rideau se soulève
Et pose sur ton front
Une caresse douce et brève
Comme le font
Les enfants aux parents
En geste rassurant
Qu’en est-il du choc
De ta tête maintenant
Maintenant que la mouche a trouvé
Par où s’échapper
Grâce au vent grâce au rideau
Et peut-être grâce à l’idée
De ne jamais devenir ce que tu es
L’ART DES CHOIX (2010)
1. SAGE RENONCEMENT
Tonton Marcel m’a dit
Avant de mourir
N’écoute pas ce que dit
Le petit jésus c’est pour rire
Baise, fourre, profite du bon
Fais plaisir à ton petit cornichon
Dans le respect de la demoiselle
Contente toutes celles
Qui t’en donnent la permission
Ainsi interpellé
Sur ma compétence à
Assouvir mes désirs
Et aussi sur la question
De savoir à qui obéir
A tonton à la religion
A mon éducation à ma femme
Qui ne dit plus que construisons
Maintenant et ici
Chaque envie induit
Son lot de transgressions
Savoir ce qu’on veut pas
Ca c’est tranquille ça va
Mais savoir ce qu’on veut
Ca c’est plus hasardeux
Faut se débarrasser des écrans de fumée
Du plaisir à crédit du sucre raffiné
Faut arriver à trouver un état
Où le poids du jugement n’existe pas
C’est du taff et même si t’en arrives là
C’est pas terminé parce que voilà
Le problème de l’envie
C’est que tu lui cours après toute ta vie
Et que quelqu’un qui court tout le temps
C’est bien mais ça fait chier les gens
Voilà pourquoi ceux qui suivent leurs envies
sont souvent seuls
Séparés de ceux qui ont choisi
Le petit reniement le sage renoncement
La morale avant l’agissement
Mais la morale est à l’envie
Ce que le ver est au fruit
Elle t’empêche de mordre dedans
Mamie Jackie m’a dit
Avant de se laisser aller à vieillir
N’écoute pas ce que dit tonton
C’est pour rire
Aime donne procure du bon
Fais plaisir à ta femme mon garçon
Et puis elle est partie
Et je me suis soudain senti
Seul indécis et sans envie
2. UN BON FRANCAIS
L’air était lourd
La pluie allait bientôt tomber
Il était à court d’essence
Quand je l’ai emmené
A peine assis, il accuse les bronzés Les frisés du prix de l’essence
Et du temps qu’il fait
Il était plus lourd que l’air
Quand la pluie est tombée
Mais qu’est-ce que je viens pas de faire
J’ai pris en stop
Un bon français
Il ouvre sa bouche
Suinte et pue le vieux rosé
Il en remet des couches
Des fois que je sois bouché
On peut enfin compter sur ce gouvernement
Pour mettre du bleu
Partout où c’est plus blanc
Lui qui n’a jamais mis
Les pieds dans une banlieue
En parle pourtant comme si
Il vivait au milieu
Il récite le refrain de rigueur
Et débite les couplets en vigueur
Il était plus lourd que l’air
Quand la pluie est tombée
Mais comment je vais me défaire
De ce bon français
Je prétexte une furieuse envie de pisser
Il en profite aussi
Mais je remonte le premier
Le regarde une toute dernière fois
Son bidon sous le bras
Pisser en rase campagne
Sous la pluie et le froid
Il avait un drôle d’air
Quand j’ai accéléré
La queue à l’air
Fier comme un gros coq mouillé
l’air était frais
La pluie avait fini de tomber
Il était presque 20 heures
Quand il est rentré
A peine assis, sa femme lui sert
Son petit rosé
S’assied avec lui et
Allume la télé
Passifs et volontaires
Jusqu’à l’heure du coucher
C’est comme ça qu’on fabrique
Les bons français
3. LA MAIN DANS LE SAC
Tu te déguises en quelqu’un que t’es pas
Tu mens et ça te grise
de croire ton cinéma
Tu te rassures avec des histoires
à la mords- moi le nœud
se resserre autour de toi
Quel parcours du combattant
Que de changer constamment
Que de rendre l’invraisemblable évident
Quel acharnement
Même pris la main dans le sac
Tu continues, tu jactes, tu fais semblant
T’es celui qu’a jamais dit ça
T’es celui qui comprend pas
T’es celui qui se souvient plus
De ce qu’il a dit à qui il l’a dit
et qui l’a cru
Quand t’improvises
Dis-toi que ça se voit
Que tu rames et que tu t’enlises
Quand tu parles de toi
T’es comme la tour de Pise
Tout bancal, tout penché
Et chaque nouvelle version te sert
à ne pas tomber
Qu’est-ce qui t’oblige
De quoi t’as peur
Et quand est-ce que tu piges
Que t’es qu’un mauvais menteur
Change de disque et de partition
Arrête de fanfaronner
C’est la bonne direction
vers la tranquillité
T’es celui qu’a jamais dit ça
T’es celui qui comprend pas
T’es celui qui se souvient plus
De ce qu’il a dit à qui il l’a dit
et qui l’a cru
4. LE MAL EST FAIT
C’est maintenant que tu es partie
Que les mots reviennent petit à petit
Que je réapprends à articuler
Que le sol ne bouge plus sous mes pieds
Maintenant je pourrais répondre à tout
J’ai une putain de répartie de fou
J’ai retrouvé toute ma belle confiance
À peine tu demandes ça y est je danse
Mais le mal est fait
Je suis passé pour un muet
Devant celle qui me plaisait
Les gens sont cons, les culs sont mous
Cette soirée me fait plus rire du tout
Moi je voulais rentrer avec celle
Qu’est repartie dans une petite Opel
Les rues sont longues et pleines de monde
Je tourne en rond je fais des rondes
Ma vie est une série B
Je la vis, je l’écris et je me fais chier
Ce mal est fait
Je suis passé pour un muet
Devant celle qui me plaisait
J’ai enfin retrouvé mon chemin
Plus j’avance et plus je me souviens
Que j’ai un chez moi et un lit
Un chat un chien une petite amie
J’arrive avec le petit jour
Me glisse dans le lit et fais l’amour
Elle dit qu’elle trouve ça surprenant
Que j’aie apporté des croissants
Je ris et je me tais
Faut savoir rester muet
Devant celle avec qui on est
5. L’EFFORT DE SOUMISSION
À mesure que nous avançons
Vers notre triste condition d’insectes
Je porte un toast à tous ceux qui
Ont lutté pour que nous puissions
Nous arracher
À cette condition forcée
À tous ceux qui pensent que nous sommes
Des humains et pas qu’une somme
De cerveaux disponibles
De parts de tranches de cibles
A tous ceux qui l’ouvrent bien grand
Activistes et manifestants
À nos amis anarchistes
À tous les faux terroristes
Ceux pour qui la démocratie
Se vide de son sens si
Elle n’inclut plus le droit
De dire non sans qu’une faction
De flics fonde sur toi
Comme pour chaque quartier sinistré
À qui on demande de la boucler
De ne surtout pas montrer
L’échec d’une politique
Injuste, raciste et bâclée
À ceux qui exigent le respect
Malgré les menaces du préfet
Tous ceux qu’on discrimine
Et puis qu’on incrimine
Enfin
Aux luttes fières et exemplaires
Dont nous sommes chacun tributaires
Des vagues d’immigration
Venues enrichir le sol le sang et le sens
De cette nation
Maintenant qu’on travaille pour les banques
Qu’on sait très bien que rien ne manque
Et que l’état de droit n’est là que pour garantir la bonne marche de ce système-là
Son incessante propagande
Le modèle unique qu’ils nous vendent
Et les efforts qu’ils mettent
À réduire le reste en miettes
À grands renforts de chantage
Sur l’exclusion et le chômage
Et pour les plus endurcis
L’option d’aller taffer pour rien
Au fond d’une prison pourrie
Où cachetons, télévision, chichon
Seront les remparts à la rébellion
Pendant que police et code pénal
Maintiennent la paix sociale
À l’heure où la noblesse d’État
Et son américain d’avocat
Veulent nous donner des leçons
Sur l’effort de soumission
Je porte un toast à la colère
légitime et sans savoir-faire
Parce que le « C’est déjà ça ! »
C’est à elle qu’on le doit.
6. L’INDÉPENDANT
Tu réfléchis souvent a posteriori
Tu te dis trop tard que le discernement
C’est de l’or en barre
Et tu ne t’expliques pas pourquoi
Ils n’ont jamais rien fait
De ce qu’il y avait dans ton contrat
Peut-être parce que des contrats comme le tien
Ils en ont déjà plein
Mais tu pleures
Faut pas, c’est la règle c’est comme ça
Le producteur choisit qui sort et qui sort pas
En signant tu te vends et c’est eux qui décident
Combien et jusqu’à quand
Je ne fréquente pas l’industrie du disque
Et ses petits soldats
Je ne compose pas pour une multinationale
Je compose pour moi
Et au pays de l’exception culturelle
Où chanteurs engagés font danser les pucelles
J’observe ceux qui
critiquent le système en se servant de lui
Mais tu pars pourquoi
Qu’est-ce que j’ai dit de méchant ?
As-tu peur qu’on sache
Que t’es qu’un charlatan ?
Qu’en signant tu t’es vendu
Et qu’en te vendant, t’as perdu
Plus que ce que tu prétends
Il s’improvise, il s’impose
Sans qu’on le courtise
L’indépendant, le vrai, le dur
Pas celui du showbiz
Est la mauvaise conscience
De ceux qui se retrouvent
En panne de cohérence
Qui participent à la dissolution
De l’art dans le fric
Est-ce qu’il pleure ?
Non, c’est ce qu’il a choisi
Est-ce qu’il part ?
Non plus, il reste et se construit
Affranchi et conscient
C’est celui qui décide pourquoi et puis comment.
7. NA DE MILYON D’ANNÉES
Na des milyons d’années
que nous lè là
Seulement comment nous l’arrivée
Ça nous connaît pas
Deux, trois y disent microbe
la transformé
Na d’otres y disent
Adam et Ève envoyés par bon dieu
Quand nous mort
Où ça nous ça va
Comment nous l’arrivée
Ça nous connaît pas
À cause li lé noir blanc jaune
Ou y aime pas li
Si li lé misère clochard
Non ou y aime pas li
Mais comme nous l'est là
Nous l’est là que de passage
Vaut mieux ou essaye
À faire nous hommage
Quand nous mort
Où ça nous ça va
Comment nous l’arrivée
Ça nous connaît pas
Quand mon moman
La mette à moins là
Li la pas dit à moins
Si t’es comme ça
Si tout est comme ça
Mais comme beaucoup d’autres
Ester moins l’est plus d’accord
Comme un musicien
Mi voudrais change z’ accords
Quand nous mort
Où ça nous ça va
Comment nous l’arrivée
Ça nous connaît pas.
8. L’ART DES CHOIX
Au bout du compte te voilà revenu
De l’endroit où tu avais disparu
Ta petite liberté, c’était où
L’herbe y était-elle un peu plus verte
Ou pas assez pour que tu ne regrettes
Ton petit chez moi, ton chez nous
Elle a dit ça et j’ai dit
Comprends moi
Parce que moi je ne me comprends pas du tout
C’est une tare ou une maladie
De se dire tout le temps
Qu’ailleurs c’est meilleur qu’ici
Là où je vais, la route est comme un Z
Et je voyage au souffle de la zeb
Libre d’aller et de sentir
Les irrégularités naturelles
Les trous les bosses et l’aspect du ciel
L’intime impression de s’enfuir
Comme l’air du changement
Souffle souvent dans ta direction
Est-ce que tu avances ou bien
Est-ce que tu tournes en rond ?
Elle a dit ça et j’ai dit
Comprends-moi
Parce que moi je ne me comprends pas du tout
C’est une tare ou une maladie
De se dire tout le temps
Qu’ailleurs c’est meilleur qu’ici
C’est l’art de vivre c’est l’art des choix
C’est l’art tout court c’est être soi
Face à ceux qu’on ne connaît pas
C’est un rêve où tu n’existes pas
Une parenthèse entre toi et moi
C’est juste que c’est comme ça
Au bout du compte me voilà revenu
De l’endroit où j’avais disparu
Ma petite liberté c’était où
L’herbe y était-elle un peu plus verte
Ou pas assez pour que je ne regrette
Mon petit chez moi, mon chez nous.
9. MAUVAIS HOMME
Promettre et sans conditions
Tout conjuguer avec le on
Protecteur et attentionné
Apprendre la fidélité
Faire de subtils compromis
Ne pas juste répondre moi aussi
Démissionner un peu de soi
Dire je rentre et je règle ça
Sinon mauvais homme
Être ponctuel et motivé
Disponible et discipliné
Mentir, subir, se taire
Tricher, sourire et faire
semblant pour gagner sa vie honnêtement
Ne pas se demander ce qu’on vend
Pour qui on bosse et puis comment
Donner son temps son ambition
Gagner son cancer aux poumons
Dire oui quand on voudrait dire non
Sinon mauvais homme
Passer ses vingt premières années
À se taire et à écouter
Pour que les quarante suivantes
soient plus faciles à accepter
Devenir un honnête citoyen
C’est-à-dire déposer son bulletin
Et puis ne se soucier de rien
Apprendre à fermer les yeux
Quand la police tue en banlieue
Croire que la santé de l’industrie
C’est la santé du pays
Accepter d’être l’exploiteur
Le nouveau colonisateur
Se sublimer avec fierté
Décliner son identité
Sinon mauvais homme
10. À LA RONDE
Perdu quelque part dans le sud
Suant toute mon inquiétude
Le soleil au zénith plombe
Et personne à la ronde
Une zone commerciale
Sans un nuage rien que dalle
Sans un pet d’ombre
Et personne à la ronde
Une route en forme de huit
Pas d’eau de casse-croûte de shit
Rien même pas de vent
Rien, rien que du temps
T’en fais pas l’ami
C’est rien qu’un petit cauchemar
C’est bientôt fini
Tant que t’es là tâche de voir
Ce que tu caches dans le noir
Là où y a rien même pas de vent
Là où y a rien rien que du temps
Des affiches me proposent
De venir profiter
Du bonheur collectif qu’impose
la publicité
Des putes prennent des poses
Sous des néons même pas éteints
Je sue, je sens le fauve
J’entends aboyer mon chien
Je trébuche aux mêmes endroits
Fais les mêmes erreurs cent fois
Sans toi, sans rien, même pas de vent
Rien, rien que du temps
Le soleil comme une vérité
Écrasante lourde et
Qui enlève aux choses autour
Les mythes qui les entourent
Pas de place pour le hasard
Pas de route vers autre part
La nature n’existe pas
Ici tout est dur et plat
Ça y est je le vois
Mon chien en face de moi
Je sens qu’il a peur aussi
Boiteux et affaibli
Il trébuche aux mêmes endroits
Fait les mêmes erreurs que moi
Me frôle me renifle passe
Et ne me reconnaît pas
Perdu quelque part dans le sud
Suant toute mon inquiétude
Le soleil au zénith plombe
Et personne à la ronde
11. NUISIBLE RETRANCHÉ
Encore quelques années
Et toute l’âme du quartier aura disparu
Emportée par des gens
Un peu plus riches un peu plus blancs
Lavés de tout soupçon et convaincus
Qu’un quartier sympathique
Est un quartier où les flics
rôdent dans les rues
En recherchant les ombres
Des habitants d’avant
Qu’ils pensaient avoir tous exclus
Déplacés regroupés chassés ou isolés
En fonction du loyer
De la couleur de peau
dDee là où y a du boulot
Chaque portefeuille correspond à son quartier
Une franche division de la population
Permettra à ceux dont c’est le rôle
De garder l’opinion sous contrôle
La frontière est visible séparation tangible
Qui sert à inventer
Des mythes et des fables sur le voisin d’à côté
En en faisant un nuisible retranché
Petit à petit l’idée grandit dans la tête des gens
Que ce ne sont pas les habitants
qui font leur quartier
Mais le quartier qui fabrique
ses habitants
Ils veulent nettoyer toute l’adresse
À grands coups de charters
et de cars de CRS
Et si y en a qui restent ils n’auront qu’à brûler
Place à la spéculation et l’immobilier
Et quand tout ça sera terminé
Leurs jolies petites têtes blondes
pourront gambader
Dans la promenade plantée
Où rien n’arrive jamais
12. PORTE DE CLICHY
Il est 19h30 métro porte de Clichy
La station vide son ventre
Les gens se poussent vers la sortie
Deux hommes agenouillés au sol
Les mains derrière le dos
Font face à quatre flics décidés
Les mains emmatraquées
Et voilà pour la procédure
En matière d’arrestation
De personnes en séjour irrégulier
Voilà pour la fraternité
Ils avaient bloqué les sorties
Et contrôlaient les gens au faciès
Ils le font devant les écoles aussi
C’est la consigne
Le chiffre avant le reste
Quand l’administration a des relents
De l’époque à Papon
Siffler l’hymne national
Devient alors une affaire de morale
Si ces quatre flics ont des gosses
Quelle version leur serviront-ils ce soir ?
On a volé deux pères à leurs enfants
Ou bien on a arrêté les méchants ?
Il n’y a qu’un seul mot c’est la rafle
Pas besoin de spécialiste
Pour reconnaître les bonnes vieilles méthodes
De l’empire colonialiste
Il sera toujours temps de venir s’excuser
En disant, nous, on ne faisait qu’obéir
Il sera toujours temps de commémorer
Les bonnes consciences aiment à se recueillir
Jusqu’où peut-on aller sans réfléchir ?
C’est la question que je me pose ici
Jusqu’où peut-on aller sans réfléchir ?
Ces quatre flics eux sont allés jusque
métro Porte de Clichy.
EN MÂCHANT BIEN- LIVE (2008)
1. REMÈDE
2. UNE PETITE GANGRÈNE
3. COMME LE COYOTE
4. AUX INNOCENTS
5. JUSTE À CÔTÉ
6. LE NOUVEAU PRODUCTEUR
7. À L’INTÉRIEUR
8. LÉA A
9. CES 5 MOTS-LÀ
10. L’ABANDON
11. L’AIGRI
12. LES CHIENS DE PRAIRIE
13. PETITE DOULEUR
14. SOUS SON LIT
15. UN DERNIER CRI
16. MOINS 30 POURCENT
17. 99 PAS
18. SI
19. UTILITÉ
UTILITE (2007)
1. SUITE
2. NAISSANCE DE LA POÉSIE
Je crois que tout s’écroule
Je crois que rien ne roule
Je crois que rien ne change
C’est ma vie qui me dérange
J’ai peur
C’est toujours le même cauchemar
Celui du haut du plongeoir
Lorsque je me fais dessus
Et que tout le monde se marre
Mais je veux que tout se passe bien
Je veux que tout aille mieux
Que veux que tout s’enchaîne
Vers le haut comme c’est beau
Je jure de les repérer
Je jure de les respecter
Les petits instants de bonheur
Qui passent et puis qui meurent
Donne-moi de quoi imaginer
Donne-moi une vision décalée
Donne-moi une image
Qui me fasse réagir
Donne-moi une page
Qui me fasse réfléchir
Donne-moi de quoi
Oser penser à des choses
Auxquelles je n’aurais jamais pensé
Ma routine me tue
Je vis dans le déjà vu
Le déjà entendu
J’ai déjà tout vu
Mais je suis pas compliqué
Jamais blasé
Vas-y s’il te plaît
Fais-moi rêver
Il est bientôt 5 heures
Je regarde un instant
Dans la cour intérieure
Rien ne bouge
Ce n’est pas encore l’heure
Mais c’est pour bientôt
Je le sais en bon chasseur
Je descends dans la rue
Tope un Paru Vendu
Remonte mon manteau
C’est pas qu’il fait pas beau
Mais l’air est frais et
Je suis aux aguets
C’est pour bientôt
Maintenant ça y est
Les rues se remplissent
Petit à petit
Chacun prend son service
Au saut du lit
J’assiste au réveil
Du quartier où je vis
J’assiste à la naissance
De la poésie
Sûr que ce matin
Je rentrerai pas bredouille
Un couplet, un refrain
Et au revoir la trouille
Je descends du plongeoir
Bois l’eau de la piscine
Et arrose tous ces crevards
Du bout de ma pine.
3. 99 PAS
Aux premières lueurs du jour
Qui percent la salle de bain
Il fixe le sol de son regard lourd
Avant de passer ses deux mains
Sous le filet d’eau froid
Le calme alors disparaîtra
Laissant la place au réveil
Et à toutes les emmerdes
de la veille
Il l’aime tant cet instant précis
L’instant juste avant aujourd’hui
Lorsque le petit matin blanc
S’approprie tout l’appartement
Un café dans une main
Dans l’autre un morceau de spliff éteint
Il regarde sa voisine d’en face
Sa petite marie pleine de grâce
En la regardant dormir
Il en oublie que c’est lui qui est debout
Et que son avenir
Est déjà dans la gueule du loup
Dettes, crédits…
On vous a pourtant expliqué
Fallait regarder avant de signer
Et une balle dans la tête
Du type de chez Sofinco
Est-ce que ça a un intérêt
Et si oui à quel taux ?
Pendre par les pieds
Chaque maire de chaque
commune huppée
Si il ne construit pas plus tôt
De bons et beaux logements sociaux
Expliquer à celui qui ne le sait pas
Qu’on est soit mort soit hors la loi
En respectant leurs minima
Dire qu’avec un RMI on ne vit pas
Peut-être dans le fond du Berry
Mais à paris sûrement pas
Parfois l’envie de tuer
S’empare de sa tête excédée
Peut-être que la mort d’autrui
Pourrait apaiser ses ennuis
Il pense alors à des cibles
l’état le fric les flics la bible
Quelque chose pour son père
Quelque chose pour sa mère
Il pense que dans une dernière
Danse et pour apaiser sa vengeance
Il bâtira son avenir
En disant payez ou je tire
Mais l’avenir appartient
À ceux qui se lèvent tôt
C’est ce que dit l’assistante sociale
Chaque fois qu’il quitte son bureau
La France travaille les 3/8
Pour combler son déficit
Et chaque français se lève tôt
Pour pouvoir payer ses agios
Et la voisine d’en face
N’est qu’une farce dans une glace
Payée 2000 euros
Pour nous montrer ce qui est beau
Il l’aime pas cet instant précis
C’est maintenant que commence aujourd’hui
Il compte chacun de ses pas
Avant d’arriver jusqu’en bas
99 fois
99 pas
L’étrange impression de s’enfoncer
Avant de commencer la journée
4. EN LAISSE
Quelque chose me plaît bien
Dans le regard de ce chien
Je me dis qu’il est un peu comme toi
Il est tenu en laisse
Par une jolie maîtresse
Elle le tient mais il ne le sait pas
L’amour au début ça fait ça
Tout ce qu’on avait prévu
On ne le fera pas
Tant que tu ne bougeras pas de ses bras
Je suis peut être un peu jaloux
Mais je me sens tout seul surtout
Même si je suis content pour toi
Du haut de ton petit nuage surtout
Ne te penche pas
Alors je sors tout seul
Et puis je dors tout seul
En espérant trouver celle qui
Me fasse autant d’effet
Que l’effet qu’elle te fait
Je veux mon nuage à moi aussi
Et quand je l’aurais trouvé
Je tâcherai de me rappeler
Que sous les nuages y a pas que la pluie
Y a aussi les amis
Qui attendent celui
Qu’a trouvé son petit paradis.
5. CES 5 MOTS-LÀ
Parce que tu rappelles tout le temps
Le bien que tu as fait aux gens avant
Que ça donne l’impression
De devoir te demander pardon
tout le temps
Parce que tu es rusé et méchant
Que plus ça va plus ça s’inscrit dans le temps
Et qu’à l’âge que tu as
Tu ne changeras sûrement plus maintenant
Je ne te le dirais pas
Je ne te dirais que ces 5 mots là
Je ne t’aime pas
Parce que tu n’essayes pas
Parce que tu ne veux même plus tenter
D’avoir une vision de toi
Autre que celle que le miroir te renvoie
Parce que t’es pas attachant
Que tu te plains pour ainsi dire tout le temps
Et que passer du temps avec toi
revient à s’ennuyer doucement
Je ne te le dirais pas
Je ne te dirais que ces 5 mots là
Je ne t’aime pas
Parce que je repense souvent
Au mal que j’ai fait aux gens avant
Mais que je manque de recul
Sur celui que je vais te faire maintenant
Parce que je suis pire que toi
C’est moi le plus bête et le plus méchant
Et que je ne passerai pas
Le temps que tu veux que je passe avec toi
Je ne te le dirais pas
Je ne te dirais que ces 4 mots là
Ne m’aime pas.
6. HAUTE MER
Elle avance
Doucement
Elle se dit qu’elle n’en a plus pour Très longtemps
Dans son préambule de fantôme
Chaque cellule chaque atome
Se met au service de celle qui
Capture sa vie
Elle lutte contre la fatigue
L’angoisse et la peur du vide
Mais ou qu’elle aille elle la suit
Cette chienne de mélancolie
Elle avance
Franchement
Elle se dit aujourd’hui qu’elle a Tout son temps
L’espoir a du s’inviter
Quelque part dans la journée
Et la voilà maintenant décidée
À en profiter
Les yeux remplis par l’envie
Elle s’amuse elle rit
En attendant de retrouver
Cette chienne de mélancolie
C’est en haute mer
Que son esprit divague
Au-dessus ou alors
Dans le creux de la vague.
7. À TON AVIS
À ton avis
Est-ce que tu crois qu’un jour on jouera
Dans une salle bien remplie
Toute pleine de gens
Qu’on aurait jamais vu avant
Ce soir je te demande ça
Parce qu’on joue dans une salle vidée
Ridée, toute dépouillée
C’est tellement désert
Qu’en regardant bien
On trouve du sable par terre
À ton avis
Est-ce que tu crois qu’un jour
C’est nous qu’on décrochera leurs prix
Leurs distinctions et leurs récompenses
Entre amis
Ce soir je te demande ça
Parce que c’est sûr, c’est mort
Pour les Victoires de la musique
C’est mort pour le disque d’or
On joue sans décor et on joue
Sans public
Le soleil se couche sur ce bled paumé
Je propose qu’on aille tous ensemble se suicider
Ou alors qu’on reste assis
À écouter tomber la pluie
Pendant que la radio parle
De ce que la télé parle et que
La télé raconte tout ce que
La presse raconte
Je te pose une dernière question
réponds moi autre chose
Que ce que tout le monde répond
À ton avis
Peut-être qu’on est pas faits pour ici
Peut-être que c’est l’Arménie
Qui nous attend déjà
Qui nous tend les bras
Alors qu’on le sait même pas.
8. PETITE DOULEUR
Calé dans mon lit
Les dents serrées
Je me contorsionne
Quelque chose me dit
Que cette fois c’est la bonne
Le réveil vert translucide
Me troue le bide
Je regarde les numéros changer
Sans arriver à faire le vide
Je me suis couché
Vers 2 heures
Sans prendre garde
À cette petite douleur
Qui maintenant me fait vomir
Et me terrasse
Putain de calcul
Il faut qu’il passe
J’ai peur quand j’ai mal
Et c’est parce que j’ai peur
Que c’est insupportable
Pourvu que celui ci
Ne soit pas trop gros
Pourvu qu’il s’arrache vite fait
Du bas de mon dos
Ça y est l’enfoiré
Je le sens qui coince
Le docteur parlait
De delirium trop mince
Passer par la fenêtre
Me semble une option
envisageable
Écrabouillé par terre
Je paraîtrais moins misérable
Qu’à cet instant précis
À ramper comme une limace
Putain de calcul
Je le sens qui passe
J’ai peur quand j’ai mal
Et c’est parce que j’ai peur
Que c’est insoutenable
Je regrette
Tout ce que j’ai fait de mal
C’est juré
Je jure sur ma tête
De jamais recommencer
Pas besoin de curé d’enfer
Ou de paradis
J’emmerde le christ
Je souffre plus que lui
Je comprends le mot
rédemption
Je me mets à genoux
Et je demande pardon
Je suis seul
Avec ma douleur
Putain de calcul
Ça y est, je pleure
J’ai peur quand j’ai mal
Et c’est parce que j’ai peur
Que c’est insupportable
J’ai peur quand j’ai mal
Et c’est pace que j’ai peur
Que c’est insoutenable.
9. UTILITÉ
Quelle dégénérescence
A fait de moi un humain
Lourd et dénué de sens
Craintif devant demain
J’ai peur de douter de mon utilité
J’ai peur de ne pas savoir
Si je peux t’aider
Quelle somme de petites aberrances
A fait de moi un musicien
Victime des mots et du sens
Malade de la tête et des mains
J’ai peur de douter de mon utilité
J’ai peur de ne pas savoir
Si je peux t’aider
Quel concours de circonstances
A fait se croiser nos chemins
Si tu savais comme je pense
À toi à nous et puis à rien
Je sais que je n’ai aucune utilité
Je suis incapable de t’aider.
10. DENSITÉ
Ça devrait fonctionner
C’est pas faute de pas essayer
Notre belle aventure mériterait
De ne pas cesser
Le poids de nos efforts
A une bien plus grande densité
Que celle de leurs efforts
surdimensionnés
Si on ne lâchait pas
Si on essayait encore une fois
Un peu plus bruyamment
Un peu plus franchement qu’avant
Nos techniques s’affinent
Notre détermination peut se lire
Sur nos mines
Galvanisés par l’envie de les voir reculer
Si comme c’est le cas pour eux
On squattait la tribune en 4 sur 2
Si comme c’est le cas pour eux
On avait les moyens de pas rester silencieux
Ben on attendra pas
Que ce moment nous tombe
Tout cuit dans les bras
C’est tout cru qu’on les bouffera
Est-ce que je serai encore là pour voir ça.
11. LES CONFIDENTS
Ce qui est fait est fait
Ça se rajoute juste au poids du passé
Le tort et ses regrets
Viennent grossir ta culpabilité
Tu pensais t’en accommoder
Mais ça n’est plus envisageable
Maintenant que tout le monde sait
De quoi tu es capable
Vulnérabilité
La prochaine fois tu le sauras
Vulnérabilité
Ça y est maintenant tu le sais
Tu n’as jamais su la fermer
À vouloir toujours te confier
Tu sais maintenant que les confidents
Mieux vaut savoir s’en passer
Tes amis ta femme ou l’inconnu
Croisé au détour de la rue
Tout ce que tu leur diras
Sera retenu contre toi
Vulnérabilité
La prochaine fois tu le sauras
Vulnérabilité
Ça y est maintenant tu le sais
Assis là juste à côté
Accoudé à ton sombre petit passé
Tu t’en passerais bien
Tu vivrais accoudé à rien
Il faudrait pouvoir disparaître
Et ailleurs réapparaître
À défaut d’effacer l’ardoise
La retourner pour mieux cacher sa
Vulnérabilité
La prochaine fois tu te tairas
Vulnérabilité
Ça y est maintenant tu te tais.
12. SI
Alors voilà maintenant
Qu’est ce qu’on fait maintenant ?
On s’excuse et on part en disant
Que tout est comme avant ?
Que des mots sortis de nos bouches
Aucun n’a fait mouche ?
Qu’il n’y a même pas eu de sang ?
Je crois que le sang M’impressionne moins
Que le son de nos intestins
Lorsque tankés face à face
On aboit comme des chiens
Fini le temps des hululements
Place à celui des hurlements
Tout s’oublie sauf le mépris
Ma main n’est peut être pas cassée
Faudra changer la porte d’entrée
De toute façon je n’en ai plus besoin
Pour me sentir enfermé
J’imagine que pour toi aussi
Lorsque tu y réfléchis
Toutes les questions commencent par si
Si demain je lâche ta main
Est-ce que je tombe ?
Est-ce que ma vie me paraîtrait
Un peu moins digne d’intérêt ?
Si demain je lâche ta main
Jusqu’où je vais ?
Est-ce que je m’arrête au bout de la rue ?
Ou bien est-ce que je tourne au coin ?
J’en veux à ma dépendance
C’est d’elle que vient la violence
Sans bâillon pas besoin de crier
Sans camisole pas besoin de forcer
Je me vois comme un petit soldat
Qui chialerait en marchant au pas
Sans l’audace de déserter
Je voudrais être un putain de cowboy
Et n’avoir besoin de personne
Un arbre planqué dans un pré
Sur lequel personne viendrait pisser
Mais je sais même pas monter à cheval
Avec une arme je me ferais mal
Et je veux pas passer mes hivers
À chialer dans les courants d’air
Je t’en veux
Je m’en veux
De me dire que
Si demain je lâche ta main
Est-ce que je tombe ?
Est-ce que ma vie me paraîtrait
Un peu moins digne d’intérêt ?
Si demain je lâche ta main
Jusqu’où je vais ?
Est-ce que je m’arrête au bout de la rue ?
Ou bien est ce que je tourne au coin ?
13. ICI
Lorsque l’usine a fermé
600 personnes sont parties
600 sont restées ici
Ils devaient passer dans les nouvelles du soir
Mais le piquet s’est planté
Et personne n’est venu le voir
Lorsque le troquet a fermé
300 personnes sont parties
300 sont restées ici
Lourde était l’ambiance
Lourdés du bar
c’est télévision
Tous les soirs
Lorsque la poste a fermé
La petite guichetière est partie
Luigi a pris son fusil
Il a tiré tant qu’il a pu
Mais c’est la télé qui est revenue
Le voir chez lui
Pas de caméras tout ça
Moi je veux personne sous mes draps
Je passerai pas pour un con
Comme tous ceux dans vos émissions
Les voisins sont venus
La télé est venue
Même le préfet est venu
Et Luigi leur a tiré dessus.
14. EN ARRIÈRE
Ils pensaient bien faire
Les hommes de Frazer
En peuplant de saumons
Le lac et ses rivières
Ces cons de poissons
Ont pensé pour de bon
Partir de chez eux
En nageant vers la mer
Quelques mois plus tard
Poussés par le printemps
Revoilà leurs nageoires
Remonter le courant
Mais les chutes d’eau sont
Trop hautes pour eux
Voilà pourquoi le lac
Ce n’était pas chez eux
Ces cons de poissons
S’entêtent pour de bon
Et le lit de la rivière
Se transforme en cimetière
Revenir en arrière
C’est tout ce qu’ils cherchent à faire
Revenir en arrière
En remontant les rivières
De l’Homme ou du poisson
Lequel est le plus con ?
Lequel crache le plus haut
De son évolution ?
Laquelle des deux espèces
Partira la première ?
Celle qui suit son instinct
Ou celle qui fuit l’enfer ?
C’est rare qu’on y pense
À notre dépendance
On a besoin de tout
Mais qui a besoin de nous ?
Le poisson sans l’humain
Se démerderait très bien
Mais que feraient les japonais
Si ils disparaissaient
Comme tout un chacun
Qui n’a plus que ses mains
Ils prieraient comme des cons
Devant le dieu saumon
Revenir en arrière
C’est tout ce qu’on cherchera à faire
Revenir en arrière
En récitant des prières
En bon petit parisien
J’avoue que je me sens pas bien
De parler d’écologie
Au milieu de mon gâchis
En bon petit banlieusard
J’avoue que je me fous de savoir
Si tous les japonais
Boufferont ou pas ce soir
Et je ne prie pas
Car je ne crois pas
Qu’il y ait ailleurs un autre responsable que moi
Je m’incline doucement
devant les éléments
La Méditerranée
A déjà disparue souvent
Que l’on soit né poisson
Ou de l’espèce humaine
La Terre aura notre peau
Avant qu’on ait la sienne.
15. MOINS 30 POURCENT
Mon eau
Mon air
mon énergie
Ont été vendus ce matin
Un bon prix
Mon état s’est désengagé
Il a tout vendu, tout soldé
À Suez et à Vivendi
En attendant de devoir payer
Pour avoir le droit de respirer
J’accepte mon licenciement
Je consomme les pieds devant
Je participe rien qu’en vivant
Mon État a courbé le dos
Il a choisi les idéaux
De Bouygues et de Monsanto
Ma santé dépérit
Inversement proportionnellement
À celle de Sanofi
Mon État m’a
Laissé tomber
Il ne me restera plus
Qu’à faire soigner
Mon cancer à crédit.
16. ÉGO
Cet arbre fera bien l’affaire
Si je dois me cacher derrière
Il est tout juste assez gros
Pour cacher mon ego
Je sais que celui qui part
n’est pas censé
Revenir espionné
Celle qu’il a laissé tomber
Et qui essaye d’oublier
Qu’est-ce qui fait
Que je me demande pourquoi
qu’est-ce qui fait
Que je suis planté là
Accroupi
Devant un restaurant chinois
C’est peut être celui
Ou Émily Loizeau va
J’étais pourtant si sûr de moi
Et mon moi me disait
Que je ne le regretterai pas
Mais c’est plus dur
Encore plus dur qu’une fin de moi
D’autant plus dur
Maintenant qu’octobre est là
La porte s’ouvre
Et te voilà
Belle comme toi
J’ai mis longtemps
À trouver cette rime là
Mais y a des comparaisons
Qui n’existe pas
Cet arbre
A bien fait l’affaire
Demain
Je choisirai
Le prochain
Pour t’espionner
D’un peu plus loin
Un peu plus loin
Chaque matin.
JUSTE A COTE (2006)
1. JUSTE À COTÉ
Je vis juste à coté de Paris
Et là d'où je viens c’est un peu qui je suis
Un banlieue-parisien
Blanc et gris
Du plateau de Gravelle on voit toute ma région
Ses tours, ses ponts et ses pavillons
Ses deux grandes cheminées qui en fumant
Plongent Ivry dans un brouillard blanc
La nuit les rues deviennent tout orange
La ville se vide et c’est vrai que c’est étrange
Une ville tout éclairée
Et sans personne avec qui communiquer
Quelques fois dans le RER A
Une fille pose ses fesses juste en face de moi
Et en la regardant s’endormir
Je me demande si elle voudrait ou pas
Parce que si jamais elle me regardait
Il se pourrait que je revienne pile la semaine d’après
Même jour même heure
Juste au même moment
En espérant qu’elle ait le même emploi du temps
Terre à terre, ville contre ville
Paumé dans une sphère au milieu de centaines d’aberrations
Tout cela conditionne ma résignation
Je vis juste à coté de Paris
La où des millionnaires
Sous de grands parapluies verts
Prennent le monopole du savoir et des affaires
Et où tout est permis
Juste pour peu que l’on puisse y mettre le prix.
La où des encarts publicitaires
Prennent le monopole
Du bon goût et de ce qui doit plaire
Et où on interdit que les murs se couvrent de graffitis.
Alors où se trouve la réalité la dedans
Elle a dû se faire racheter par un groupe euro-texan
Bien sur qu’on peut racheter la réalité
Quand on possède les bonnes parts de marché
Et où se trouve l’imaginaire la dedans
Quand de jour en jour de plus en plus de gens
comprennent très bien l’utilité d’un homme d’affaires
Mais se demandent artiste à quoi ça sert
Terre à terre, ville contre ville
Paumé dans une sphère au milieu de centaines d’aberrations
Tout cela conditionne ma résignation
Un sac de ciment sec posé sur un morceau de trottoir
Attend patiemment qu’un ouvrier lui apporte à boire
Et le dépose savamment entre les briques des bâtiments
Pour mieux colmater nos réalités
Celles des riches avec des riches
Dans des quartiers vidés
Et des pauvres sur des pauvres
Dans des quartiers bondés
Moi d’abord, moi d’abord ! Quand il y en a plus
y en a encore
Tellement d’efforts pour si peu de réconfort
Tellement d’efforts pour si peu d’essor
Des différences à faire pâlir toute une famille de sénégalais
Expulsée un beau matin
Allez hop du balai
Des berlines qui tournent
en cherchant une place
"Chérie, mets ta zibeline, ça fait plus classe !"
Des dizaines de maux de tête, des centaines d’allergies
Une bonne dose de solitude et de bruits
Bienvenu l’ami dans la cité d’aujourd’hui
T’as même pas idée de ce à quoi tu t’habitueras
T’as même pas idée à quel point tout ça te changera
Ici les pierres s’entassent à la même place
Et tout le monde répète :
"Qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse ?"
Terre à terre, ville contre ville
Paumé dans une sphère au milieu de centaines d’aberrations
Tout cela conditionne ma résignation
2. LÉA A
Léa a
Quelque chose qui fait
Que je n’ose pas lui dire que j’ai
Une certaine attirance
Et que je pense
Qu’elle conjugue le chien et l’élégance
Léa a
Quelque chose qui fait
Que je n’ose pas me rapprocher assez près
Pour que mon souffle se mélange au sien
Tout au plus certains soirs j’ose
lui toucher les mains
Et même quand la cocotte s’aventure
Sur le siège avant droit de ma voiture
Eh ben là moi non plus je n’ose pas
Lui dire que je trouve qu’il y a
Un problème dans la distribution des rôles
Est-ce que je suis le concubin
Ou juste le bon copain
Un problème dans la distribution des rôles
Est-ce que je suis le compagnon
ou juste le bon con
Léa a
Quelque chose qui fait
Que je n’ose pas lui demander s’il te plait
Est-ce que je peux mettre ma langue
Dans ta bouche
Et te montrer à quel point
Tu me touches
Léa a
Quelque chose qui fait que je n’ose pas
Lui dire que je sais
Beurrer des tartines même de bon matin
Ranger une cuisine et laver une salle de bains
Et même quand la cocotte s’aventure
Sur le siège avant droit de ma voiture
Eh ben là moi non plus je n’ose pas
Lui dire que je trouve qu’il y a
Un problème dans la distribution des rôles
Est-ce que je suis le concubin
Ou juste le bon copain
Un problème dans la distribution des rôles
Est-ce que je suis le compagnon
ou juste le bon con
Après quelques jours passés
À calculer les chances que j’avais ou pas
d’y arriver
Me voilà assis là ce soir
Tout penché vers elle
Et elle penchée en arrière
À dire non merci tocard
Vent de la bouche
J’attire les mouches
Ce soir, c’est moi, ma guitare et je touche
L’acier froid du bout de mes doigts
Les cordes tremblent
Ça y est, j’entends ma voix
Sauf que maintenant l’histoire
C’est moi qui l’écris
Appelle ça comme tu veux
Art ou thérapie
Léa ne me manquera plus
Maintenant que je sais
Qu’il n’y a plus
De problèmes dans la distribution des rôles.
3. UNE PETITE GANGRÈNE
Si seulement tu savais
À quel point j’attendais
De te voir me demander
Un petit service
De quoi te dépanner
C’est aujourd’hui
Que tout s’inverse
Et que tu deviens celui
Qui a besoin
Que je lui file
Un petit coup de main
Mais…
La rancune a poussé dans mes veines
Comme une petite gangrène
Et maintenant je ne suis plus sûr de rien
Est-ce que je dois me souvenir du temps
Où on galérait autant
Ou bien de l’époque où tu te retournais
En me croisant
Redis-moi ce que ça fait
De se sentir dépendant
Du bon vouloir des gens
De devoir demander
Tout le temps bien poliment
Quelle position
J’ai sur ta liste de sollicitations
J’espère pour toi
Qu’il y a encore quelqu’un derrière moi
Parce que…
La rancune a poussé dans mes veines
Comme une petite gangrène
Et maintenant je ne suis plus sûr de rien
Est-ce que je dois me souvenir du temps
Où on galérait autant
Ou bien de l’époque où tu te retournais
En me croisant
Assis dans l’escalier
Je t’écoute me rappeler
Combien il était beau
Le temps où on se tapait dans le dos
On se regardait et de suite
On se comprenait
Deux bons amis
Deux acolytes qui s’aidaient
Assis dans l’escalier
Je n’arrive pas à oublier
Combien il était beau
L’enfant que tu m’as fait dans le dos
L’enfant de salaud
Qui m’a laissé la tête sous l’eau
L’enfant de putain
Qui fait celui qui me veut du bien
mais…
La rancune a poussé dans mes veines
Comme une petite gangrène
Et maintenant je ne suis plus sûr de rien
Est-ce que je dois me souvenir du temps
Où on galérait autant
Ou bien de l’époque où tu te retournais
En me croisant
4. LES GENS ET LES ÉVÈNEMENTS
Relever la tête et s’apercevoir
Que tout a changé
Que l’inconnu est venu se glisser
Sur les visages dans tous les bruits
Et dans les rues
Tic toc ont fait les secondes
Qui m’ont emmené
Là où je n’avais jamais mis les pieds avant
Et j’ai comme l’étrange impression d’être arrivé
Maintenant que je me suis perdu
Ne me montre pas le bon chemin
Car je ne sais pas si j’ai envie de rentrer chez moi.
Je ne suis pas sûr de vouloir revenir
Là où les autres connaissent de moi
Le meilleur mais aussi le pire
Ce n’est pas le temps qui nous change
Mais les gens et les évènements
Qui nous rentrent dedans
Et c’est chaque fois en me promenant
Que j’arrive à me rappeler
À quel point je suis laid
Parce que tu m’as parlé aussi franchement
Qu’on puisse parler à quelqu’un qui a mal agit
Et j’ai ressenti pour la première fois
La sensation d’être jugé par quelqu’un
Qui en avait le droit
Plic ploc faisaient les grosses gouttes
Sur mon front
Pendant que j’essayais de ne plus entendre le son
De cette putain de voix qui résonnait
Au fond de moi
À répéter: il a raison
En sortant de chez toi,
Je dévisageais les plus grands que moi
En espérant qu’ils me rentrent dedans
Qu’une bonne raclée sur le bord du trottoir
Me ferait sombrer pour un instant
Dans un agréable trou noir
Ce n’est pas le temps qui nous change
Mais les gens et les évènements
Qui nous rentrent dedans
Et c’est chaque fois en me promenant
Que j’arrive à me rappeler
À quel point je suis laid
Là où je vais toutes les rues m’emmènent
Au même endroit
Là où j’ai des conversations avec moi
Lorsque je me perds pour chaque fois
Un peu mieux me retrouver
Lorsque je deviens moins laid
Alors je rentre chez moi
Avec ma prise de conscience sous le bras
Et je m’en vais retrouver tous les gens
Qui m’entourent
Prêt à leur refourguer de l’amour
5. MANILLE
C’est maintenant
Qu’on retire nos vêtements
Tous nos habits le haut
Le milieu et le bas aussi
Et j’avoue qu’à cet instant
Je suis peut être un peu moins confiant
Parce que cela fait tellement longtemps
Que je n’ai pas touché une fille
La dernière fois je crois me souvenir
Qu’il neigeait sur Manille
j’espère que c’est comme le vélo
Que ça ne s’oublie pas
Que je n’aurais pas trop mal au dos
C’est maintenant
Que tu m’invites à rentrer tout doucement
Comme c’est charmant chez toi
C’est juste assez étroit pour toi et moi
Et j’avoue qu’à cet instant
Je me trouve plutôt performant
Même si cela fait tellement longtemps
Que je n’ai pas touché une fille
La dernière fois je crois me souvenir
Qu’il neigeait sur Manille
j’espère que c’est comme le vélo
Que ça ne s’oublie pas
Que je n’aurais pas trop mal au dos
C’est maintenant
Que je ressens comme un endormissement
Avant que Morphée ne vienne nous chercher
Il faut que tu sâches combien je te suis reconnaissant
De m’avoir permis de te voir
Permis de te toucher permis de te partager
Parce que cela faisait tellement longtemps
Que je n’avais pas touché une fille
La dernière fois je crois me souvenir
Qu’il neigeait sur Manille
Maintenant je sais que c’est comme le vélo
Non ça ne s’oublie pas
Et j’ai déjà très mal au dos
6. L’ÉLASTIQUE
Elle est sortie du lit
en disant regarde
Mes cheveux touchent mes fesses
J’ai dit ou la la
ça c’est interdit
Faut porter plainte
Et faire venir les CRS
Elle avait le sens de l’amour charnel
Mais pas du tout celui de l’humour
La belle
On faisait des positions
Que j’avais jamais faites avant
Mais on ne s’appréciait pas vraiment
On a personne dans nos vies
C’est nous les poux les parias
Qui disons oui
À tous les bras qui se tendent
Et parfois même on en redemande
Tant que c’est juste pour une nuit
Je me dis que je lui fais du bien
Et elle doit se dire qu’elle m’en fait aussi
Et quand tout le monde s’est dit
Que tout cela ne menait à rien
On se quitte en se disant merci bien
Je suis sorti du lit
En me demandant
Qu’est-ce que mon père peut penser de moi
J’ai pas de femme je gagne mal ma vie
Tout ce que j’essaye ne marche pas
Je me retrouve en slip devant une fille
Qui ne m’aime même pas
Elle a pris une jolie pose
En me demandant
S’il te plaît joue moi quelque chose
J’ai dit je ne joue plus gratuit
Depuis que je viens de sortir de ce lit
Ça n’a rien à voir avec toi
Mais faut que mon père soit fier de moi
Comprends moi
C’est comme toi et moi
On aurait été plus contents
Si il y avait eu des sentiments
Eh ben la musique c’est pareil
C’est un travail qui se paye
Et je suis parfois plus content
Lorsque je joue pour de l’argent
Mais pour toi ce soir
Et exceptionnellement
Ce soir Batlik est en concert
Il porte un vieux slip à son père
L’élastique ne tient plus très bien
Mais j’ai promis de jouer tant que ça tient
7. À L’INTÉRIEUR
Un petit bout de ficelle
Autour de son cou
Un petit bout de chiffon
Pour ne plus rien sentir du tout
C’est l’enfermement
Qui fait qu’à cet instant
Un prisonnier s’évade en passant par
Un nœud coulant
Un tout petit dérapage
Suffit pour se retrouver
Les deux pieds dans une cage
À mordre un morceau d’oreiller
Pour peu que madame la justice
Ait écouté monsieur l’état
Maintenant on resserre les vis
Je veux parler de celles du bas
La justice a toujours raison
C’est ce que se disent les procureurs
Avant d’avoir à jeter
Quelqu’un en prison
Ce n’était Venturi, Blémant ou Renucci
Ni les Napolitains le père Imbert
Ou Mondoloni
Pas d’organisation
De filière ou de protection
Juste 8 mètres carrés
De quoi se pendre
Et le temps de penser
Les parrains en prison
Sont aussi rares que les billets d’avion
On enferme les faits divers
Les grandes gueules et puis leurs petits frères
Lourdes sont les conséquences
De l’internement à outrance
Aussi lourdes que le poids d’un corps
Qui se balance
La justice a toujours raison
C’est ce que disait le président
Avant d’avoir à changer
La constitution
Chaque maison a sa pièce la plus sombre
Comme chaque source de lumière
Apporte son ombre
C’est le pharmacien qui se pique
Le petit curé qui s’astique
Une pipe pour une promotion
Tout ce qu’on cache tout au fond
Qu’en est il de la grandeur d’une nation
Où droits de l’Homme et dignité
S’arrêtent aux portes des prisons ?
Qu’en est-il de ceux qui vivent à l’intérieur
Ceux qu’on fait passer pour des monstres
En ne disant pas qu’il y en a qui pleurent ?
La justice a toujours raison
C’est ce que se disaient ses parents
Avant de retrouver leur fils
Pendu en prison
8. UN DERNIER CRI
Le lendemain de ton départ
Je partirai et j’irai voir
De l’autre côté de la mer
Le petit triangle dans l’hémisphère
Parce que quelque chose
Se cache là-bas
Quelque chose comme une partie de toi
Quelque chose qui fait
Que chaque fois que j’y vais
C’est comme si
T’y étais aussi
Et mes larmes gorgeront les rivières
Et mes deux mains écorcheront la terre
J’arrêterai les passants en leur demandant
Est-ce que quelqu’un peut me parler de mon père ?
Ensuite j’écouterai
Toutes les histoires
Les fausses et puis les vraies
Je m’accrocherai aux souvenirs
De tous ceux qui ne t’auront
pas vu vieillir
Puisque je sais dès maintenant
que de toutes les façons
Je n’aurai jamais assez de temps
pour te poser les vraies questions
Qui es-tu ? Que voulais-tu
Que je devienne ou que je fasse
Pour que je puisse te regarder
en face ?
Et mes larmes gorgeront les rivières
Et mes deux mains écorcheront la terre
J’arrêterai les passants en leur demandant
Est-ce que quelqu’un peut me parler de mon père ?
Après j’irai piquer une tête
Juste en face de la chapelle des grecs
La plus grande des inspirations
me fera plonger
Tout au fond du bouillon
Et au milieu des milliers
de bulles d’oxygène
J’irai retrouver cette moitié
de mes gènes
Je pousserai un dernier cri
pour que ça passe
Avant de regagner la surface
Et mes larmes gorgeront les rivières
Et mes deux mains écorcheront la terre
J’arrêterai les passants en leur demandant
Est-ce que quelqu’un peut me parler de mon père ?
9. LE NOUVEAU PRODUCTEUR
Ne prends plus aucun risque
Son empire
Ne semble pas prêt de mourir
Libre comme un artiste aujourd’hui
C’est être bardé de contrats, de contraintes
De livres de comptes, de plaintes
Contre ceux qui vendent et exploitent
Le substantifique rien
Tu te retrouveras en chien
devant deux portes blindées
Bloquées par deux vigiles
protégeant les intérêts
des capitaux privés
Que tu leur auras cédé
Comme on cède à une femme
Ou comme on vent son âme
Mais pas au diable
Pas au diable
À un entrepreneur véreux
Savoir lequel importe peu
Puisque tous sont complices
D’avoir un jour poussé le vice
Jusqu’à dire vas-y signe là
Et ta chanson on l’entendra
Partout tout le temps
Ça fera plaisir à ta maman
Jusqu’à penser qu’il est normal
Qu’un artiste du Bengale
Et qu’un autre en Amérique
bossent pour la même filiale
Pour une brochette d’actionnaires
Les bras croisés, le cul par terre
Qui attendent et attendent
Que tombent leurs dividendes
Pour un type qui fait trembler
Le ministre des finances
En lui disant soit vous m’aidez
Soit ma boîte quitte la France
Mais vas-y arrache toi
Emporte tes merdes avec toi
Emporte ton monopole
Cette sombre mafia.
Emporte toute ta coke
Tes clics et tes clacs
Personne autour de moi
Ne rêve d’une tournée à la Fnac
Pars sans payer tes dettes
On garde nos pourcentages et toi
Garde tes miettes
Au pied d’un grand fauteuil en cuir
Sur un plancher fait de bois vénitien
Un petit chien regarde dormir
Son maître en lui léchant la main
10. COMME LE COYOTE
Bien sûr, évidemment
Sont les deux seuls mots
Que tu prononces tout le temps
L’air fier les épaules en arrière
Tes certitudes t’ont donné l’habitude
De ne plus te poser aucune question
De ne répondre que par oui ou par non
L’index pointé sur chacune de tes idées
Sûr de tes convictions
Un vrai petit Napoléon
Comme le coyote dans les dessins animés
T’es au dessus du vide
Mais tu continues à marcher
Qu’est ce qu’il se passera
Quand tu regarderas en bas
Lorsque ton empire s’effondrera
Sous tes pas ?
Tu tombes et tu retombes
Tu descends et tu redescends
Droit sur l’endroit
Où le doute t’attend
Tu tombes et tu retombes
Tu descends et tu redescends
Droit sur l’endroit
Où ta vérité n’existe pas
Tout ce que j’apprends de toi
N’est jamais dans ce que tu dis
Mais dans ce que tu ne dis pas
Jamais dans ce que tu as fait autrefois
Mais dans ce que tu fais maintenant
Et dans ce qu’on fera toi et moi
Je n’aime pas recevoir de leçons
Mais j’apprécie toutes les explications.
Je n’aime pas entendre fais ça et
Fais le comme ça
Je préfère demander
S’il te plaît montre moi
Comme le coyote dans les dessins animés
Tu dessines un tunnel
Sur un morceau de rocher
Qu’est-ce qu’il se passerait
Si tu t’apercevais
Que je peux le traverser
Mais pas toi
Tu tombes et tu retombes
Tu descends et tu redescends
Droit sur l’endroit
Où le doute t’attend
Tu tombes et tu retombes
Tu descends et tu redescends
Droit sur l’endroit
Où ta vérité n’existe pas
Alors est-ce que tu viens avec moi
On essaiera d’oublier tout ce que l’on sait déjà
On emportera comme seule et unique notion
Que le doute existe
Derrière chaque prise de position
Il est temps de reprendre la route
Peut-être qu’on passera entre les gouttes
Peut-être que là vers où l’on va
Quelqu’un nous attend ou peut être pas
Mais comme deux touristes perdus à l’étranger
On marchera côte à côte
En essayant de se retrouver
Bien incapables de répondre à la question
Êtes-vous certains que ce chemin est le bon ?
11. J’AVANCE
Tu la connais
L’histoire du bourgeois
Qui voudrait que l’on croie
Qu’il est tout sauf bourgeois ?
Pourquoi ?
Parce que dans la musique
Il paraît que ça ne se fait pas
Parce que dans la musique
Il paraît que ça ne se dit pas
Le monde des musiciens
Comme partout ailleurs
A ses communautés
Ses clans ses petits secteurs
Et comme partout ailleurs
Il y a de la compétition
Et comme partout ailleurs
On retrouve pas mal de cons
Du rappeur qui pense
Que sortir du ghetto
Est juste suffisant
Pour faire de lui un pro
Jusqu’à la petite pépée
Qui ne pense pas beaucoup
Mais qui croit qu’elle est belle
Et que c’est déjà beaucoup
Les deux se trompent
À mon avis
C’est qu’il faut travailler
Pour devenir Puccino
Autant qu’il faut bosser
Pour devenir Difranco
Combien de caricatures ?
Combien de postillons
Vont encore venir brailler
Leurs petites oppositions ?
Ici, la panoplie du chanteur engagé
Et là, celle de celui qui veut pas y toucher
D’un côté le rebelle balèze et enragé
Et de l’autre l’artiste frêle et torturé
Mais surtout pas de mélanges
Dans leur composition
On pourrait ne plus comprendre
Vraiment qui ils sont
Des gens dont le talent
Ne dépasse pas vraiment
Le temps qu’ils ont passé
À choisir leur courant
Je remercie mes parents
Pour tout ce qu’ils m’ont donné
Autant que je remercie le talent
Des artistes que j’ai pillés
Et je me fous de savoir qui tu es
Si tu sors du monde ouvrier
Ou bien d’un petit nid douillet
Parce que t’es pas monté sur scène
Pour te faire embaucher
Mais pour chanter ta fredaine
Alors chante la et applique toi
Et si après ton show
Tu penses à autre chose
Que est-ce que oui ou non
ce soir j’ai été bon ?
Dis-toi juste que le temps que tu te poses
Toutes tes petites questions
J’aurai déjà écrit pas mal de petites chansons
Que le temps que tu trouves tous tes arguments
Moi j’aurai travaillé sur mon instrument
Parce que j’agis plus vite que tu penses
Et je bouge plus vite que tu danses
Alors arrête-toi si tu veux
Mais moi j’avance
ASSIS LA (2005)
1. ASSIS LÀ
Je lis assis là
En plein soleil.
J’étais déjà assis ici
La veille.
Je viens toujours
M’asseoir là
Dès qu’il y a du soleil.
J’ai pas faim,
J’ai pas froid et
J’ai même pas sommeil.
Mon nez est un gros
Poivron rouge
Et il est hors de question
Que je bouge.
Je trempe, je patauge,
Dans mon jus
Et il est hors de question,
Que je me bouge le cul.
Parce que si quelqu’un
Au moins m’attendait
Je pourrais lui dire
Encore une heure
Encore un heure
Et j’y vais…
Mais là, c’est moi
Qui vais attendre longtemps
Parce que personne
Mais personne,
Personne ne m’attend.
Je suis dans un grand
Hall de gare.
Je suis arrivé il y a longtemps
Pour pas être en retard.
Je me dirige tout doucement
Vers le départ.
Parce que ce soir mon gars,
Ce coir je pars.
Mon sac me déchire
L’épaule droite.
Je suis tout penché sur le coté
On dirait que je boite.
J’avance, je progresse,
Le long de la voie,
Quand j’entends en moi,
Une toute petite voix qui dit :
Si au moins quelqu’un
M’accompagnait,
Je pourrais lui dire
Faut pas pleurer je jure,
Je reviendrais,
Mais la seule personne
Qui m’attend sans même
Le savoir.
C’est le serveur du wagon-bar.
Je me plains pas
Je constate seulement,
La preuve je peux même le dire
En souriant.
Mon carnet de rendez vous
Est vide depuis tellement
De mois, que même les aveugles
Voient plus de monde que moi.
Personne autour, ne m’aborde
Je me demande quel est le prix
D’une bonne corde.
Je voudrais qu’on me bouscule
Ou bien qu’on me montre du doigt,
Je voudrais que les gens autour de moi
Fassent comme si j’étais là.
5,4,3,2,1
à partir de maintenant,
je me fabrique un destin.
Si en shootant dans cette pierre
Je touche le réverbère,
C’est que quelqu’un m’attend
Au prochain tournant.
2. LES BLOUSONS BLANCS
Vivre avec la peur au ventre
Se retourner chaque fois qu’on rentre
Chez soi
Surveiller ses arrières
Toujours laisser passer le type
Qui marche derrière.
Trouver une place pour mieux voir
Qui entre et qui sort du bar
Toujours demander discrètement
Est-ce que tu connais le type au blouson blanc ?
Le romantisme de l’homme traqué
N’existe pas dans la réalité
Quand on sait que quelqu’un
Nous attend au prochain tournant
Tout le monde se met à porter
Un blouson blanc.
Que ce soit un clandestin
Une prostituée ou bien
Un poète cubain.
Que ce soit un journaliste
Ou le fils du voisin
Qui s’est mis dans un sale pétrin.
Chacun d’entre eux se retrouvera
Dans tous les autres
Au moment où ils sursauteront
Tous en même temps
En s’apercevant que juste devant
S’est assis un type
Avec un blouson blanc
Toujours demander discrètement
Est-ce que tu connais le type au blouson blanc ?
Spéciale dédicace à tous ceux qui
Par manque de cran
Choisissent de régler leurs petits
Différents
En allant chercher de plus forts
Que soit
Dans le quartier des négociants
En gros bras
S’il arrive un beau jour
Qu’entre toi et moi
Un désaccord voit le jour
Ça arrive parfois
Prends s’il te plait la peine
De discuter
Mais n’envoie pas quelqu’un d’autre
Me chercher
Parce que je sais que
Toujours demander discrètement
Est-ce que tu connais le type au blouson blanc ?
3. COCUBINAGE
Saoul comme un
Tchécoslo-roumain
Je l’ai vu tomber
Sur moi
Comme les gamins
Tombent
Sur leurs mains.
J’attendais
Qu’il se décide
À me faire
Regretter
Son désespoir.
Et je savais
Qu’il viendrait
Dès qu’il aurait
Fini de boire.
Tout le monde
Nous regardait
Parce que
Tout le monde
Nous jugeait.
Et tout le monde
Nous jugeait
Parce que
Tout le monde savait…
Que depuis un mois.
Le plus heureux
Des couples.
C’était celui
Qu’on formait.
Sa femme et moi.
Après avoir
Laissé passer
Le quart d’heure
D’insultes délecté
Par tout l’ensemble
Du bar.
C’était gratuit pour
Les saints ce soir…
Je l’ai regardé
Se relever
Aussi satisfait
Qu’un militaire,
Qu’aurait tiré
En l’air
Pour tuer
Un ver de terre.
Je me suis levé
A côté de lui.
J’ai mis mon épaule
Sous son bras.
L’assemblée
Semblait vexée.
Que tout n’ait pas
Dégénéré.
En nous ouvrant
La porte
Un type
Franchement vert
Nous a même
Proposé,
D’aller niquer
Nos mères.
Je m’attendais
À deux questions.
Soit pourquoi ?
Soit t’as pas honte ?
En relevant
Le bout du menton
Il m’a demandé
Pourquoi
Je n’avais pas honte ?
Parce que rien
N’était prévu
Qu’il ne s’agit pas
D’une histoire
De cul.
Et que si
Je n’avais
Pas pris ce détour
Je n’aurais jamais
Connu cet amour.
Je voulais
Lui dire
Combien
Elle était belle
Quand c’est lui
Qui m’a dit
Qu’il avait oublié
De se souvenir
Combien
Elle était belle.
Fallait que j’arrive
Pour qu’il puisse
S’en rappeler…
Et puis
Il a dit
Qu’on allait
Peut-être se lasser,
Mais que si
J’étais parti
Elle m’aurait
Toujours aimé.
Du plus profond
De sa beuverie
Ce type là
A vraiment
Tout compris :
Les plus constants
Des amours
Sont parfois ceux
Qui tournent court.
Et qui sait moi aussi
Dans quelques temps
J’irais tomber
Dans les bras
De quelqu’un.
Tout comme les gamins
Tombent sur leurs mains.
4. SES DÉPENDANCES
Il
Ne lèvera
Sûrement pas
Ses yeux,
Vers ses yeux à
Elle
Quand elle découvrira
Qu’encore une fois
Des choses
Manquent à l’appel.
Et elle
Se souviendra
De chaque objet,
Et de tout
L’argent disparu
Pendant qu’il
Essayera de lui dire
Qu’il ne recommencera
Plus…
La jolie bille
Tourne autour
Et plus le joueur
Compte les tours
Des trotteurs qui
Courent dans les trèfles
Et du brelan
Qu’il a en main.
Demain,
Tout sera sûrement
Arrangé,
Voilà ce qu’on pense
Pendant qu’on joue.
Quand ce à quoi
Faudrait penser
C’est que demain
Faudra payer.
Après avoir
Montré sa fierté
En ayant défoncé
Le placard de l’entrée.
Il ira s’insulter
Tout haut
Pour mieux oser
Se faire pardonner.
Mais le pardon s’écroule
Quand la télé a disparue.
Mais le pardon s’écroule
Quand on aime plus…
La jolie bille
Tourne autour
Et plus le joueur
Compte les tours
Des trotteurs qui
Courent dans les trèfles
Et du brelan
Qu’il a en main.
Demain,
Tout sera sûrement
Arrangé,
Voilà ce qu’on pense
Pendant qu’on joue.
Quand ce à quoi
Faudrait penser
C’est que demain
Faudra payer.
C’est fou
Comme son cerveau
S’endort
Sous le poids
Du tort.
À chaque fois
Que recommencent
Ses dépendances.
Demain le rouge
Sortira…
Ou bien il ne
Viendra pas…
Demain les as,
Seront là…
Il est prêt à parier
Tout ce qu’il a…
La jolie bille
Tourne autour
Et plus le joueur
Compte les tours
Des trotteurs qui
Courent dans les trèfles
Et du brelan
Qu’il a en main.
Demain,
Tout sera sûrement
Arrangé,
Voilà ce qu’on pense
Pendant qu’on joue.
Quand ce à quoi
Faudrait penser
C’est que demain
Faudra payer.
5. LES CHIENS DE PRAIRIE
On voit parfois
Dans les vieilles
Photos de familles,
Des rangées entières
De visages souriants.
Le père, la mère,
Avec leurs enfants,
Les grabataires et les
Chefs de clan, devant.
Et puis
Quand on regarde
Un petit peu
Vers le fond,
On aperçoit souvent
Un petit morceau de front.
C’est le front d’un type
Qui est sur la pointe des pieds
Mais qui même comme ça,
S’affiche qu’à moitié.
Imagine
Ce que le type ressent
Caché comme ça,
Derrière les gens.
Et dis toi
Qu’à chaque fois
Qu’on sort toi et moi,
C’est ce que je ressens
Quand on passe devant :
Une jolie cocotte
Qui voit passer 2 potes
Toi devant, et moi
A l’arrière plan.
Mais je te parle pas
De jalousie…
Je te parle du complexe
Du chien de prairie…(bis)
On voit parfois
À la télévision
Des journalistes dans la rue
En direct pour de bon.
Y a toujours des gens
Qui se mettent derrière
Alignés
Pour pouvoir passer
À la télé.
Et puis
Quand on regarde
Un petit peu
Vers le fond.
On aperçoit parfois
Un petit couillon
Qui fait des sauts en l’air
Vu qu’il est tout derrière
En disant Maman c’est moi !
Ouaip, chui là !
Imagine
Ce que le type ressent
À sauter comme ça
Derrière les gens
Et dis toi
Qu’à chaque fois
Qu’on sort toi et moi,
C’est ce que je ressens
Quand on passe devant…
Refrain
Dans un vieux fauteuil
D’une maison de repos
Un octogénaire
Trafique son sonotone
En écoutant ces mots.
Il se dit…
Pauvre petit abruti
Con de jeune qu’a rien
Compris à la vie…
Je m ‘en vais te donner
Deux petits conseils
en espérant que tu retiennes
Au moins l’essentiel.
(1er conseil) :
Plus on vieillit
Et plus on se nourrit
Des souvenirs
De sa propre vie…
Les complexés n’osent pas
Et tous ceux qui n’osent pas
Se mettent leurs souvenirs
Sous le bras.
(2e conseil) :
Profite, profite
Tout va tellement vite
Et surtout ne crois jamais
Tout ce qui se dit
Sur les infirmières,
On a jamais le droit
De leur caresser le derrière.
Si tu passes au travers
Du cancer et de la misère
Si d’aventures en aventures
T’as pas d’accident de voiture,
Si tu fais de ton mieux,
Si personne ne t’en veut
Y a peut-être une chance
Pour que tu deviennes vieux.
Faut que tu puisses te puisses avoir des choses à raconter,
Faut que tu puisses te souvenir
de tout ce qu’il s’est passé.
Alors ne me parle pas de jalousie,
Mais demande lui plutôt
Ce qu’elle fait cette nuit…
Ne me parle pas de chiens de prairie,
Mais demande lui plutôt
Ce qu’elle fait cette nuit…
6. SOUS SON LIT
De derrière ses lunettes usées
Il pense,
Que la vie n’est pas si facile,
Qu’il voudrait retomber en enfance.
Du temps ou la seule de ses peurs
Était de ne pas savoir qui,
Se cachait sous son lit.
Mais nos peurs se précisent avec l’age
Comme le suspens au fil des pages
D’un livre ou le poids de l’argent
A écrasé celui de la vie
D’un livre ou tous les honnêtes gens
S’en vont cacher sous leur lit
Leurs économies.
Ils disent,
Méfiez vous surtout des petites bandes
Et faites confiance à nos grands groupes
Tous les policiers vous défendent
En se cachant au bord des routes
Ayez peur de tout sauf de nous
Et faite attention à vos sous
Y a un étranger derrière vous.
Il n’est pas dit qu’on ne sache pas vivre
Les uns sur les autres
Mais c’est plus dur si l’on nous ligue
Les uns contre les autres
C’est diviser pour mieux régner
Et protéger pour mieux épier
Le citoyen satisfait.
Il ferme tout à double tour
Et prend toujours le même détour
Pour ne pas avoir à traverser
Le parc mal éclairé
Il est comme ces moustiques le soir
Qui vont de lumières en lumières
En évitant le noir.
Il a peur
De son voisin
Et du voisin
De ce voisin.
Sa peur fait le tour de la terre
Et revient derrière lui
En le faisant sursauter
Sans même faire de bruit.
Nous sommes le vendredi 13 juin
Et aujourd’hui
Il semble qu’on vole au citoyen
Sa liberté de réfléchir et
Le droit de se munir
D’une pensée personnelle
Et individuelle.
Nous sommes le vendredi 13 juin
Et nos superstitions auront toutes
Disparues demain.
Emportées par une ère nouvelle
Ou toutes nos peurs artificielles
Seront toutes droit sorties
Du journal télé du jeudi…
En tous cas moi je sais
Tout ce qu’il y a sous mon lit
Et ce n’est pas un étranger transi
Qu’en veut à mes économies.
Ce n’est pas un jeune mal éduqué
Ou un fils d’immigré,
Qui pour le plaisir de nuire
S’en prend à ma sécurité.
Sous mon lit, sont cachés
3 types au sourire acéré,
Un homme d’affaires, un ministère
Et un petit banquier avisé,
Qui gère le compte et les billets
Que l’homme d’affaire
Me pousse à dépenser,
Pendant que le ministère m’attache au lit
Avec du ruban adhésif estampillé démocratie.
De derrière ses lunettes usées
Il pense,
Que la vie n’est pas si facile,
Qu’il voudrait retomber en enfance.
Du temps ou la seule de ses peurs
Était de ne pas savoir qui,
Se cachait sous son lit.
7. L’ABANDON
Il est tard
Non en fait
Pas très tard
Mais en tout cas
Trop tard
Pour que toi et moi
On se voit
Et surtout pour que moi
Je vienne
Jusqu’à chez toi.
Ne me demande pas de me souvenir
Du temps
Ou je venais même
Par mauvais temps,
Quand je venais
À n’importe quelle heure
Avec le sourire
Et des fleurs
Parce que ce temps-là
Moi quand j’y repense
Je me dis que c’était
Un autre gars
Mais sûrement plus moi.
Je ne me souviens plus
De la première fois
Ou je me suis dit
Je ne t’aime plus
Je ne sais pas pourquoi
D’un jour à l’autre
Tout ce qui me plaisait
M’ a d’un coup énervé chez toi.
J’aime plus les bruits
Que tu fais quand tu dors
J’aime plus ton rire
Je le trouve toujours
Trop fort
Alors je quitte la pièce
Mais même là,
Je te jure que
Je l’entends quand même
Ces choses là
Ne s’arrangent pas,
Ne me dis plus jamais
Que tu m’aimes
Parce que
Quand tu dis ca.
J’ai l’impression
D’être un monstre
Mais comment
Je peux penser ca de toi ?
Je te regarde assise là
Et je vois :
Quelqu’un,
Qui m’a toujours voulu
Que du bien.
Quelqu’un
Qui m’a dit oui
Quand je lui ai dit viens.
Quelqu’un,
Que j’ai l’impression
D’avoir toujours connu
Mais quelqu’un,
Que je ne connais plus.
Je ne te regarde pas
Je ne te souris pas
Je ne fais pas attention à toi
À chaque fois,
Qu’on voit des gens
C’est simple
Dès qu’il y a quelqu’ un d’autre
Pour moi
T’existe plus vraiment.
J’ose même plus penser
À notre mono position sexuelle
Bienvenue au royaume
De la relation bimensuelle.
C’est triste de se dire
Qu’il ne nous reste plus
Que des souvenirs
C’est dur à dire
Mais faut bien le dire.
Alors,
Je compte jusqu’à 3
Et je commence à parler
Toi tu commences à paniquer
Je regarde tes yeux
Devenir tout rouges
Pendant que tu montres
La porte du doigt
En gueulant Bouge
Bouge de chez moi.
En descendant la cage d’escalier
Je presse le pas
Pour plus t’entendre crier
Ça y est, je fuis.
Quelqu’un a dû rajouter des marches,
Ou alors c’est l’effet du hash
Mais plus je m’échappe
Et plus ta voix me rattrape.
Pendant que je descends
Je sais maintenant
L’abandon est un crime
Et la fuite est
Son châtiment.
Il est tard
Non en fait
Pas très tard
Mais en tout cas
Trop tard
Pour que toi et moi
On se voit
Et surtout pour que moi
Je vienne
Jusqu’à chez toi.
8. AUX INNOCENTS
Y a pas de justice, qu’il se dit
En grattant son sexe tout petit
À défaut de le voir…
Qu’est ce qu’on bouffe bien
Dans le Var.
Il s’en met plein les poches
Et il s’en met plein la panse
En remplissant des sacoches
D’argent encore tout noir…
C’était un agent du gouvernement
En Afrique ou bien au Liban
Un haut serviteur de l’Etat
Un trafiquant qu’on n’arrête pas.
En se rappelant de sa Base Bidon
Et de sa « French Connection »
En se souvenant des basses besognes
Flics et voyous mains dans les pognes.
Cet homme se sert un verre
C’est le myrte qu’il préfère
À la mémoire de ses méfaits
Il vient d’être nommé préfet.
Aux innocents,
Les mains pleines d’argent,
Salies par le sang collé
Sous les ongles d’un président.
Aux innocents,
Les mains pleines de sang.
Une fière équipe voyoucratique
A pris les rennes
Du gouvernement.
Commerçant en anis
Ou bien chef de la police
Faut savoir jongler
Avec les responsabilités.
Il a de bons réseaux
Et on a de bonnes raisons,
De faire attention,
Quand on lui tourne le dos.
C’est lui celui qui a
Les meilleurs hommes.
Les durs, les vrais,
Ceux qui assomment
Tout ce qui bouge,
Surtout quand c’est rouge.
C’est lui celui qui a
La meilleure came,
Les meilleurs flics
Les meilleures armes
Au fond des états
Tu crois qu’il se passe quoi ?
(Charles…)
S.A.C bien pour lui…
Des comptes aux Canaries ?
Et S.A.C bien pour lui…
Une immunité pour la vie ?
Aux innocents,
Les mains pleines d’argent,
Salies par le sang collé
Sous les ongles d’un président.
Aux innocents,
Les mains pleines de sang.
Une fière équipe voyoucratique
A pris les rennes
Du gouvernement.
Alors prend donc ça
C’est du non,
C’est du 11.43
C’est fait pour les gens
Comme toi et moi,
Avec une seule balle
T’arrache un bras.
Ça te rappellera
Le bon vieux temps
L’époque ou t’étais artisan
En morphine base
Et armement.
Est ce que t’y penses encore
En t’endormant ?
Un monde meilleur
Ne serait pas un monde
Ou les voyous n’existeraient pas.
Un monde meilleur
Ce serait un monde
Ou ils ne fréquenteraient pas l’état.
C’est l’histoire d’un pays
Qui pervertit ses bandits
Drôle de façon
Pour une réintégration.
Ça parle de fric, de came, d’impunité
De lourds trafics étatisés,
Ça parle de L’Afrique…
Et de son pillage organisé.
Ça parle de ceux qui encore aujourd’hui
Confondent mafias et puis partis,
Ça parle de sang, chut,
Écoute un instant,
On entend les gouttes tomber,
Du toit de l’Élysée.
9. L’AUTOROUTE
Sa vie est comme
Un embouteillage
En plein mois d’août
À la saison des grands voyages
Et les vacances
Sont les aires d’autoroute
Il faut toujours
Reprendre la route.
Un instant il est
Un routier sympa
Et l’instant d’après
Un excité
Au volant sous le bras
On change tous
Avec les kilomètres
Suivant qu’on ouvre
Ou qu’on ferme sa fenêtre.
Beaucoup d’entre nous
Ont chaud,
Avec sur le front,
De grosses gouttes d’eau.
Pendant que d’autres,
Juste à côté,
Profitent de l’air
Climatisé.
Et tout le monde se met
Sur le bas coté,
Pour laisser passer les cortèges
Policiers.
C’est sur les hommes d’état
Comprennent nos malheurs
En nous coupant la route
À 230 à l’heure…
Alors on lève la tête en l’air,
Y a la télé qui filme
D’un hélicoptère.
Tout le monde regarde les Pales
Secam, c’est comme si elles
Tournaient à l’envers.
Et encore plus haut dans le ciel,
Doit sûrement passer
Un industriel, dans son
Jumbo-jet,
Des contrats plein sa serviette.
De jolis contrats,
Sur nos jolies petites têtes.
Est ce que c’est la sueur ?
Ou le fait d’être assis
À faible hauteur,
Qui t’empêche de voir
Si loin.
Qui fait que tu t’en prends
À ton plus proche voisin.
Au routier sympa,
Au type avec le volant
Sous le bras,
À tous ceux qui ne
Conduisent pas comme toi.
Continue comme ça
Et un beau matin
Tu te retrouveras,
En slip dans un jardin
En train de gueuler :
Putain chui ici chez moi !
Mais non t’es juste
Sur une trois voies
Qui t’emmène tout droit
Là où tu ne sais pas,
Et la seule différence
Entre toi et moi…
C’est que je me suis assis
Sur la bande d’arrêt d’urgence.
10. REMÈDE
J’avais 5 ans à peine
De la morve séchait sous mon nez.
Et c’était sur mes slips qu’était cousue
Mon identité.
J’aimais son prénom
Et comme elle suçait
Ses crayons
J’aimais ses cheveux,
Ses manières,
Et l’odeur de la lessive
Qu’utilisait sa mère.
C’était le jour de la fête des rois
C’était ma reine
Et j’étais son fou.
Ça signifiait passer son temps
À la faire rigoler
En marchant à genoux
Accroché à ses souliers.
J’avais compris comment lire
Écrire et compter
Mais je n’ai pas compris pourquoi
Elle m’avait quitté
Ce soir-là
Éclatant mes rêves
En prenant par le bras
Un croqueur de fèves
Plus petit que moi…
Il n’y a toujours qu’un seul roi
Et qu’un seul bouffon,
En matière d’amour
C’était ma première leçon.
Quelques années plus tard
Quand la testostérone
Et les idées noires
Font se retrouver
Les jeunes hommes
La quéquette à la main
L’autre main
Sur la poignée de la porte
En disant :
« C’est bon m'man, je finis
Mes maths et je viens… »
Je l’avais d’abord aimé
Pour ses fesses
Mais les femmes
Changent les hommes
À force de caresses…
Alors j’ai regardé plus haut
Et puis à l’intérieur
Et j’ai fini par écouter
Les battements de son cœur.
J’avais compris l’algèbre
Et l’arithmétique
L’éducation de la nation
Nous enseignait sa logique
Mais je n’ai pas compris pourquoi
Je me retrouvais ce soir-là
Les deux genoux à terre
À crier : « Pitié, ne me quitte pas
Ou alors explique-toi,
Donne-moi une raison
Parce que sinon, sinon…. »
Mais le cœur a ses raisons
Que la raison ignore
En matière d’amour
C’était ma seconde règle d’or.
Plus tard encore….
J’avais le sourire respectueux
Une nouvelle
Coupe de cheveux
Les commerçants
Ne me disaient plus
Jeune homme, mais monsieur
Je cherchais plus une fille
Qui sache embrasser
Sans y croire
Mais je rêvais de rencontrer
Une nouvelle histoire
Avec de l’action du suspens
Du sexe et des sentiments
Un début,
Peut-être une suite
Et une fin, évidemment.
Elle m’est tombée
Pile dessus.
Elle a dit : « Regarde-moi bien
Je suis tout ce que tu as
Toujours voulu.
J’ai un corps merveilleux
Avec des connections cérébrales
Derrière les yeux. »
J’ai dit : « Minute papillonne,
Je veux de l’amour,
Pas de la déconne,
Tu crois que le simple
Corps d’une femme
M’impressionne ? »
Elle est venue se coller
Tout pres de moi
Et la seconde d’après
Je bafouillais « Ok,
Pourquoi pas… »
Au début
Il y avait de l’action,
Du sexe et des sentiments,
Ensuite de l’action et
Des sentiments…
Et à la fin mes sentiments
Mais plus les siens.
Alors j’ai demandé
Une dernière fois pourquoi
Elle a dit « Je t’aime pas,
Ça se résume juste à ca ! »
Et devant la franchise
De l’expédition
J’ai tiré la dernière
De toutes les leçons :
La prochaine fois qu’une femme
Ne voudra plus de moi
C ‘est sûr Arthur,
Je demanderai pas pourquoi.
11. SON OEIL GAUCHE
Pour une fois que j’avais trouvé
Une place devant la porte d’entrée.
Qui aurait pu m’avertir
Que la journée allait mal finir.
Je me suis pas tout de suite souvenu
Ou je l’avais déjà rencontrée
Et j’ai oublié de lui demander
Dès que j’ai vu qu’elle s’approchait.
Tellement ce qu’on allait faire ensemble
M’a semblé plus important
Que tout ce qu’elle avait bien pu faire
Avant.
Je venais de passé près de 2 ans
À regarder passer les amants.
J’avais pris l’habitude le soir
De voir les filles changer de trottoir.
Je devais sentir le renfermé
Je m’étais bien trop laissé aller.
Des champignons ou bout de mes pieds
Et dans mes slips des araignées.
J’avais le cœur aussi sec qu’une pierre,
Elle a dit allons boire un verre,
J’ai bu et tout a tourné…
Je me dis qu’elle m’indiffère
Que n’importe quelle autre fille
Ferait l’affaire
Mais j’ai peur qu’elle me plaise vraiment
Il se passe quelque chose dedans….
Je me dis fait attention
Parce que ton cœur s’emballe
Pour de bon
Mais comment faire autrement,
Il se passe quelque chose dedans
Son œil gauche m’a fait trébucher
J’ai rien trouvé pour me rattraper
Et depuis je me demande
À quelle vitesse exactement
Je tombe.
Elle m’a donné rendez vous
Un peu plus tard dans la soirée
J’ai pris mes jambes à mon cou
Vite un miroir et un évier
J’ai coupé tout ce qui dépassait
J’ai gratté là où ca partait
Et j’ai récité devant le miroir
Tout ce que j’allais lui dire le soir
J’avais les jambes en coton
J’ai enlevé la sueur sur mon front
J’ai poussé fort sur mes talons
Et je me suis envolé.
Je jure que je l’ai faite rigoler
Je jure que je l’ai embrassé.
J’ai perdu ma confiance en moi
Quand elle a dit ça s’arrête là
Elle ne parlait pas de sexualité
Mais bien de l’histoire d’une journée
J’ai dit « hein ? quoi ? est ce que tu
Pourrais me répéter ça ? »
Et avec la meilleure des raisons
Je la regarde tourner les talons
Elle part tout droit et tourne….
Refrain
Je suis rentré en roulant doucement
À écouter grincer mes dents
Je sentais mes poils repousser
Et mon odeur qui revenait
Je collectionne les histoires pourries
Donne moi une feuille j’y mets ma vie
Je collectionne toutes les phrases en si
Donne moi une bouteille j’y mets paris
Et pour finir cette belle journée
Plus de place devant la porte d’entrée
Pendant des heures j’ai tourné…
12. SA VIE
Elle travaillait pour un type
Dont les sales mains se
Baladaient bien trop souvent
Sur ses petites seins et
L’odeur de sa bouche
Comme ses cravates en cuir
La faisaient presque vomir…
Elle ne faisait pas ça
Parce qu’elle le valait bien
Mais pour remplir sa bouche
Et celles de ses bambins
C’est la joie du crédit,
Et celle de l’assurance
Qu’elle avait sur sa vie…
Elle n’avait pas le temps
De voir venir.
Elle n’avait pas l’argent
Pour éviter le pire.
Elle avait tout le temps
Perdu dans son sang,
Quelques tranquillisants
Et 5 ou 6 verres
Du plus pourri des vins blancs.
Regarde comme on les laissent
Se suicider.
Les pauvres comme elle
N’avaient qu’a pas oublier,
De mieux participer
A la consommation
Pour l’essor de leur région.
Regarde comme ils lui tendent
La corde pour se pendre.
Peut être qu’au dernier moment
Ils pourront lui vendre,
Un lot de suppositoires
Qui aide à garder l’espoir,
Avec en cadeau un miroir.
Elle n’avait pas le temps
De voir venir.
Elle n’avait pas l’argent
Pour éviter le pire.
Elle avait tout le temps
Perdu dans son sang,
Quelques tranquillisants
Et 5 ou 6 verres
Du plus pourri des vins blancs.
Elle sent sa tension monter
En ouvrant son courrier
Et monter un peu plus
En poursuivant le bus.
Elle casse de l’intérieur
Embrasse les postérieurs
De ceux qui lui promettent
Une vie meilleure.
Elle sait tout
Ce qu’elle doit faire
Pour la faire redescendre
Elle sait ce qu’elle doit boire
Elle sait qu’elle doit attendre
Encore un petit instant
Histoire de faire semblant
De ne plus se souvenir
Que sa vie…
Sa vie se gagne plus
Qu’elle ne se vit (ter).
Elle veut simplement
S’allonger un instant
Et remonter les couvertures
Confortablement.
A l’extérieur de son intérieur
Ca y est
Elle n’a presque plus peur.
Quiconque entrerait à
Cet instant précis
Aurait l’impression de voir
Une femme endormie.
Mais qu’on ne s’y trompe pas
Cette femme ne dort pas.
C’est juste qu’elle oublie.
Qu’elle n’a pas le temps
De voir venir.
Qu’elle n’a pas l’argent
Pour éviter le pire.
Qu’elle a tout le temps
Perdu dans son sang,
Quelques tranquillisants
Et 5 ou 6 verres
Du plus pourri des vins blancs.
13. DISCUTONS
1915,
Sur un trottoir de Brest,
Les gens discutent des nouvelles de l’Est.
Paumée dans le flot des jambes serrées des gens du quartier,
Une gamine de 5 ans respire le café torréfié.
Les odeurs, c’est souvent ce qui reste.
Même celles d’un trottoir de Brest.
J’imagine le bruit de 4 sœurs,
Dans un appartement, du temps où Brest avait des couleurs.
J’imagine le silence d’une mère
Qui se demande quoi faire.
J’apprends l’histoire devant des petits tas de pommes de terre
En regardant filer les pelures d’entre les doigts d’une grand-mère.
1950,
L’Indochine ne veut plus
Qu’on lui dise « toi » qu’on lui dise « tu ».
La fille est devenue femme et suit son beau commandant,
Au son des bombardements.
Les sons, c’est souvent ce qui reste
Même ceux qu’on déteste.
Professeur pour l’empire colonial,
Est ce qu’on emporte dans ses bagages toutes ses leçons de morale,
Et qu’est ce qu’on part apprendre à des gosses pendant une guerre ?
À « penser différent » ou bien à lancer des pierres ?
J’apprends l’histoire dans les vestiaires d’un restaurant militaire
En mélangeant les képis noirs sous les yeux d’une grand-mère.
Une ride sur le front, ça y est je vieillis
Mais les gens disent que non.
J’ai plus assez de mémoire
Pour porter le poids de mon histoire.
Une ride encore un petit effort
Ça y est je suis vieille c’est pour de bon,
Alors, discutons.
1977,
Un ange pète et je sors le bout de ma tête,
Elle a dû s’approcher de derrière ses lunettes
Et dire « c’est l’image de sa mère
28 ans en arrière ».
Les images, c’est souvent ce qui reste.
Celles qu’on fourre dans le fond des poches des vestes.
Je me souviens des histoires d’un ancien militaire,
Et d’un juron gueulé trop fort
Derrière le fort d’un trésor,
Et puis plus tard des habits noirs
Pendant qu’on enterre,
Son beau militaire.
J’oublie l’histoire devant les portes d’un cimetière,
J’ai des images des sons des couleurs
Et le bras d’un grand mère.
Une ride sur le front, ça y est je vieillis
Mais les gens disent que non.
J’ai plus assez de mémoire
Pour porter le poids de mon histoire.
Une ride encore un petit effort
Ça y est je suis vieille c’est pour de bon,
Alors, discutons.
Un matin sans avoir l’air de rien.
Un petit souci mécanique
Apparaît et c’est la panique.
C’est le début de la fin.
La fin, c’est souvent ce qui reste,
Pour raconter une dernière histoire
À ceux qui restent…
Je me souviens d’une petite vieille
Qui monte les yeux au ciel.
Pour chaque pilule, une petite prière
C’est du bon dans du miel,
Une dernière guerre avant le cimetière
Dans une chambre blanche
Et on finit par s’endormir
Un dimanche.
BATLIK
1. COMME TOUT LE MONDE
Comme j’avais senti
Que des années d’études ce n’était pas assez
Pour espérer appliquer ce qu’on m’avait enseigné.
J’ai pris les devants,
Epaulé patiemment par deux cousins d’avant.
Trois équilibristes, sur une société,
Voient leurs responsabilités s’illimiter.
On en avait, soi-disant pour 100 ans
A en croire les promesses des gens.
Mais promesse du lundi ne tient qu’un instant.
Le lundi suivant tu l’as dans les dents.
Comme j’avais envie, d’avoir les yeux partout,
Et les autres, en-dessous,
N’avaient qu’à proposer
C’est moi qui décidais.
J’ai pris la gérance,
Plus par ambition que par manque de confiance.
Un carriériste dans une société,
Ne sait plus reconnaître les amis des associés.
On en aurait eu encore pour 100 ans
A en croire nos rapports d’avant.
Mais qu’est-ce qu’ils pouvaient faire face à un confrère
Qui se mettait soudain à jouer les petits tortionnaires ?
Pour ceux qui se demandent
Et pour ceux qui me demandent,
Voilà pourquoi il ne suffit pas
De vouloir pouvoir ou de pouvoir vouloir,
Faire ce qu’on veut de ses 10 doigts.
Comme j’avais senti,
Que la bonne humeur n’était plus au goût du jour
Et que d’heure en heure, le capital tournait court.
J’ai pris ma fierté,
Je l’ai posée par terre et je l’ai foulée du pied.
3 équilibristes, de nouveau réunis,
Dans leur société mettent toute leur énergie.
On s’est introduit doucement dans le milieu du disque,
« Regarde, c’est beau y’ a Madonna sur les murs ».
On a pris des rendez-vous et on a pris des risques.
Poireauter 50 minutes avec un standardiste, c’est dur.
Comme aucun de nous,
N’avait suivi d’études en comptabilité
Et que « société » rime avec « légalité »…
Par peur du Shérif,
On a choisi un comptable qui a choisi ses tarifs.
Une ponction par ci, comme une ponction par là,
Sans se préoccuper de ce qu’on gagne chaque mois.
Les petites entreprises enrayent la crise,
Tout dépend ce qu’on entend par petite entreprise.
Si tu veux marcher rapporte des mille et des cents,
Rapporte que des cent et on te cassera avant.
Pour ceux qui se demandent
Et pour ceux qui me demandent,
Voilà pourquoi il ne suffit pas
De vouloir pouvoir ou de pouvoir vouloir,
Faire ce qu’on veut de ses 10 doigts.
Comme j’avais besoin
D’argent comptant pour mes futurs enfants,
Et de quelques billets pour mes ex-excès.
J’ai dressé la liste,
De tous les métiers même ceux à éviter,
Chanteur, coiffeur, homme d’affaire, militaire…
Dernière tentative de gagner sa vie,
Entouré de ses amis,
Pourvu que ça fonctionne,
J’entends le clairon qui sonne.
Combien de % de types en ce moment,
Gagnent un salaire avec ce qu’ils rêvent de faire ?
4, 3, 2, 1, 0 ?
C’est qu’avec des zéros qu’on fait les plus cadeaux.
2. LES ENCHÈRES
J’en sais quelque chose
De toutes ces foires aux instruits
Qui nous imposent
De ne pas re-décorer notre univers
Disait un parfait inconnu
En écrivant à son frère.
C’est plus sûr de pouvoir envisager
Le monde et son passé,
Lui répondait son cadet.
Ça fait plaisir, de se dire,
Qu’on gagne de l’argent
Avec un travail sérieux,
Ca rassure au moins les parents.
Il y a que je peux pas me passer
De voyager,
J’ai jamais pu supporter
La stabilité.
J’apprends à aimer mon métier
En travaillant
Et j’apprends à progresser
Assidûment.
Et le temps passait, passait, lentement.
Et l’inconnu travaillait comme un dément.
Merci 1000 fois d’avoir,
Mais un peu trop tard,
Permis au jeune homme d’accéder
A la postérité.
J’en sais quelque chose
De la pauvreté, ses déboires et ses névroses.
Et une putain usée
Est 100 fois plus belle
Qu’une fille embourgeoisée
Des quartiers nord de Bruxelles.
Comme c’est beau de pouvoir satisfaire
Une femme honnête
Lui répondait son petit frère.
Ça fait plaisir, de se dire,
Qu’on fait un enfant
A une dame sérieuse,
Ca rassure au moins les parents.
Il y a que je peux pas me passer
De compagnie
Et on peut pas laisser pourrir
Les gens dans le soucis.
Envoie nous donc 100 francs,
Pour nous et l’enfant.
J’ai pas encore le niveau
Pour vendre tous mes tableaux.
Refrain
J’en sais quelque chose
de tous les problèmes d’argent
et de santé que je te cause.
Mais dis toi bien, frangin,
dis le à ta femme,
que soit je rembourse tout,
soit je rends l’âme.
L’argent qui passe entre mes doigts
Me revient avec les toiles
Que tu m’envoies.
Et à propos, frérot,
Dis le à ton cerveau,
Qu’on a autant besoin d’oseille
Que de ses deux oreilles.
Il y a que je peux pas échapper
A certaines crises,
La solitude et l’air du sud
Me font lâcher prise.
On pourrait trouver des artistes
En abondance,
De quoi remplir tous les asiles
De toutes les villes de France.
Refrain
3. CE QUI NOUS SÉPARE
Ce qui nous sépare,
C’est une manière de voir.
Une certaine façon,
De choisir ses opinions.
Si j’ai du mal à sourire,
C’est parcequ’ à force de te découvrir,
J’ai peur de me mettre à cerner,
Les clichés dont tu t’es entiché.
Dis toi qu’à force de…
Remplacer arabe par rebeu
Et rebeu par maghrébin,
Tu finiras par parler
Avec les mains.
Que ça ne vaut pas la peine de rougir
En te demandant lequel choisir,
Alors que type, gars ou bonhomme,
Conviennent très bien.
Tu fais comme cette mauvaise mère
Qui dit à son fils,
Que c’est bien le fils de son père
Parce qu’il a pété l’étagère.
Et si le fils la répare,
Un nouveau placard,
La mère se contente de se taire.
Ce qui nous sépare,
C’est une manière de croire
En des idées de l’an 40
Qu’a dû te refiler ta vieille tante.
Si j’ai du mal à dormir,
C’est que je m’efforce de ne plus me souvenir
D’une de tes si jolies phrases,
Aussi sensée qu’un cerveau sans cases.
Je revois…
La tête de ce chanteur
Dans un passage télé,
Qui déclare tristement
Sa séropositivité.
T’ouvres les deux yeux bien grands
Ca fait deux ans maintenant
Et tu dis, étonné :
« Ah bon il était pédé ? »
Je pensais qu’on pouvait entendre ça
Que dans les maisons de retraite,
Les petits bistrots à l’ancienne
Ou bien dans les rangs du FN.
Dis toi que ça me fait franchement paniquer
De te voir à ce point décalé.
Qu’est ce que ce sera dans 10 ans ?
Tu viens juste d’avoir 20 ans.
Ce qui nous sépare,
Y en a sûrement dans le fond de tes tiroirs.
Caché dans un coin de ton salon,
Impatient de te rendre un peu moins con.
Si j’ai du mal à te le dire
C’est parce qu’il vaut mieux le découvrir
Seul
Mais seulement voilà d’après moi
Un tien vaut mieux que deux tu l’auras.
Tu l’auras ta maison,
Tes broderies sur les murs
Et ton allée dallée, sur le gazon.
Une belle petite épouse
Avec ses crises de blues
« Mon dieu, notre enfant fume-t-il ou non ? »
Tu l’auras ta place,
Professionnel efficace,
Finit le bon vieux temps,
Il faut aller de l’avant.
Quitte à laisser sur le bas-côté
Deux de tes potes plumés,
Tes problèmes d’argent
Dictent tes sentiments.
Tes ennuis s’effacent
Et tes amis passent.
Tu construis ta vie
Sur un capital terni
Par un manque d’instruction
De courage et de passion.
Quel joyeux topo,
Tu peux monter plus haut ?
Ce qui nous séparait
Ce n’était pas plus large
Qu’une rangée d’hortensias
Dans une querelle de voisinage.
2 ou 3 idées étriquées
Comme le costume d’un banquier,
Le moment où l’on comprend
Qu’il est temps,
De choisir son camp
4. L’AMBITION
C’est avec
Celle de droite
Que t’as réchauffé la joue gauche
De cette tête à claques.
T’as dit
« On ne baise pas deux filles à la fois
Surtout quand la première c’est moi »
C’est avec
Celle de gauche
Que t’as séché ses larmes
En lui disant bien :
« Voici venu la fin d’une idylle
Qui aura duré trois ans trois mois et trois jours, pile.
Refrain
Mais ne t’en fait donc pas,
Je penserai à toi,
Dans chacun de mes bouquins,
Quand les dix doigts de mes mains,
Auront fait de moi une écrivain. »
C’est avec
Celle de droite
Que t’as posé sur la route
Et « là-bas si j’y suis »
Dans un sac.
T’as dit :
« Ces carnets de route me font
Pousser des doutes
J’ai peur de mourir idiote
Si je reste au fond de ta grotte. »
C’est avec
Celle de gauche
Que t’as refermé le sac
Et poussé son épaule.
T’ as dit :
« J’emporte le petit porte clefs
Que tu m’as donné,
Celui qui bipe
Quand on le siffle
Histoire de pas l’oublier.
Refrain
Mais ne t’en fait donc pas,
Je sifflerai chaque jour,
Tellement je serai heureuse,
Que les dix doigts de mes mains
Aient fait de moi, une voyageuse. »
C’est avec
Celle de droite
Que t’as croisé les doigts
En racontant tes cracs.
T’as dit :
« Non je sais pas ,
C’est pas moi pourquoi
J’étais même pas là la preuve tu vois,
Ca me fait de la peine
Que tu penses ça de moi ».
C’est avec
Celle de gauche
Que t’as fait comme si
Tu tombais dans les pommes
T’as dit :
« Je sais jouer la comédie
Et tout le monde croit tout ce que je dis
Vite des tracts j’envisage
De créer mon parti.
Refrain
Mais ne t’en fait donc pas,
Je penserai à toi
Dans les plus hautes des sphères,
Quand les dix doigts de mes mains
M auront emmené au ministère. »
Comme les hommes, les femmes demandent
Et comme les femmes, les hommes rassemblent
Leurs deux mains pour…
Monter toujours plus haut,
Fini de laver le bas du rideau
Par amour.
Mais l’ambition est une gangrène
Qui pourrit les veines des deux sexes
Et, comme par réflexe…
Celui de droite ou celui de gauche,
Si tu regardes tes poignets,
Tu verras que tu as
Les deux poings serrés.
5. LE MINOU
Comment je m’appelle
Et pourquoi je saigne ?
Je crois que celle que j’aime
Veut voir l’autre bord de la Seine.
On était pourtant bien, de ce coté là,
Y avait elle, moi et je sais plus très bien.
Elle avait pourtant tiré des plans sur ma comète
Et une comète, ça peut être mignon tout plein.
Mais je la regarde accoster sur la rive d’en face
Et j’ai du mal à distinguer tout ce qui se passe.
Alors Comment je m’appelle
Et pourquoi je saigne ?
Je crois que celle que j’aime
Veut voir l’autre bord de la Seine.
La Méditerranée coulait jusqu’au Sacré-Cœur,
Pourquoi a t elle hésité entre voile et vapeur ?
C’est peut-être ce qui peut arriver
Quand on a trop d’affinités,
On finit par regarder du même coté.
Alors je regardais vers elle
Et elle regardait vers celles,
Qui marchent nonchalamment
Sur l’autre bord de la Seine.
Le soleil se lève, je sais pas si j’ai raison,
Mais je vais aller l’attendre au-dessus du pont.
La Méditerranée coulait jusqu’au Sacré-Cœur,
Pourquoi a t elle hésité entre voile et vapeur.
Seul sur mon pont j’attends qu ‘elle refasse surface,
J’interroge l’horizon et je regarde les gens qui passent.
La paranoïa
Me dit que tout le monde sait pourquoi je suis là,
Et j’entends déjà rigoler le minet rasé et musclé
Qui dit :
« C’est pas à moi que ça arriverait
Ma poule n’en a que pour ma queue,
Elle sait qu ‘un homme un bon un vrai
Y a pas mieux. ».
Mais toi, même pas je t’explique,
Pour toi, même pas j’articule.
Va postuler pour le prochain Breillat
Et sort de ma bulle.
Seul sur mon pont, j’attends qu ‘elle refasse surface,
J’interroge l’horizon et je regarde les gens qui passent.
Je me fous bien de savoir
Si elle sera brune avec les seins en poire.
C’est pas parce qu’elle me quitte pour « une »
Que je broie du noir.
Si je suis au bord de l’eau
C’est que j’ai perdu ce que j’avais de plus beau.
Sans elle j’ai peur de ne plus pouvoir.
Il est midi passé,
Elle ne reviendra jamais sur le quai,
J’essuie le bout de mon nez
Parce que Paris sent mauvais.
En face de moi la Seine,
De chaque coté les gens qui vont qui viennent,
Je ne perdrai pas le goût des autres
Je chante « Il est des nôtres ».
Mais ça passe toujours…
C’est ce que tout le monde
Dit tout le monde sait
Tout partout, tout partout, tout partout, autour.
Ça fait réfléchir, pour l’avenir,
On médite sur soi même quand on a de la peine.
Alors je pense à moi et je me demande bien,
Ce que j’ai de trop masculin.
J’aime pas le sport, même le foot m’endort,
J’ai pas de poils au torse et chaque fois je m’efforce,
De baisser la lunette des toilettes,
Je ne ronfle pas, d’ailleurs je ne dors même pas.
L’insomnie est ma meilleure amie,
Comme ça pas de problèmes de jalousie.
Seul devant ma glace,
Je me demande ce qu’il aurait fallu que je fasse
Pour ne pas qu’une autre le fasse à ma place.
Je me déshabille pour voir ce qui me sépare des filles,
Ce petit bout de chair fait de moi un célibataire.
Voilà à qui tenait ma relation conjugale,
Moi qui pensais que c’était pour mon coté cérébral.
6. AMAD
Dans une ville de quelques habitants,
Derrière un boulevard trop bruyant,
J’ai quitté ma grande entreprise
Le temps que mes soucis réduisent
Pour pouvoir enfin partager
Les bruits du bistrot d’à coté.
Il avait la bouche écorchée,
Et la posture de l’éméché.
Après une minute de silence,
Comme il avait deux verres d’avance,
On s’est retrouvé nez contre nez
Et j’écoutais ses vieux péchés.
Il se souvient vaguement d’après l’accident
Quand on l’a ramené,
Qu’il a dû raconter la voiture volée
Et l’alcool dans le sang.
Il dit : « forcément pour ce que j’ai fait,
Faut que je sois puni »
Il a 29 ans et 8 mois sans sursis.
Mais voilà la France est faite comme ça,
Ca fait plus de deux ans
Qu’on lui a promis un bel enfermement,
Depuis il attend.
Et le pire là-dedans c’est que parfois
Il se met à penser
Qu’ils l’ont oublié.
Dans une pièce d’un appartement,
Je vois Paris vivre autrement,
J’ai ma normalité qui baisse,
D’un cran, jusqu’à celui des gens,
Mon tempérament ne veut plus,
Ne plus parler aux inconnus.
Refrain
J’ai peur de te voir devenir aussi grise.
Que la vue de Paris
De derrière cette église de briques rouges.
Qui résume la ville en deux couleurs
Et deux types d’excès.
Le rouge qui crie ou le gris qui se tait.
J’écoute la reine du soir
Ou bien le caïd du trottoir
Gueuler sur le type rangé,
Et le type rangé fait le type rangé
En rangeant sa langue
Dans son histoire.
Les capitales
Changent les gens qui s’y installent.
J’ai peur de la couleur que tu prendras
Une fois là.
La pendule avait rendu l’âme.
Je me suis tourné vers une jeune femme
Et je lui ai demandé calmement,
Elle m’a répondu « ça dépend
10 heures au-dessus de ce vieux comptoir
Pas plus de 9 heures en Cote d’Ivoire ».
C’est que son mari est un africain,
D’un noir d’ébène qu’on remarque si bien.
Pour une histoire de vieux papiers
De zones d’attentes en longs courriers,
Voilà sa femme assise ici,
A me raconter sa nouvelle vie.
Elle dit : Y faut pas croire à me voir comme ça
Que je désespère.
Je suis mon propre état, mes propres droits
Et je légifère.
Je vole des juges, des magistrats
Pas pour leurs billets,
Pour leurs papiers d’identité.
Je découpe ça en 1000 morceaux,
C’est tellement plus beau.
J’envoie ces confettis à mon mari,
Il les entoure de cuir.
Ça fait de beaux souvenirs
Pour les touristes
Qui retournent à Paris
Avec des papiers français,
Dans leurs gris-gris ».
Dans une pièce d’un appartement,
je me rapproche un peu plus des gens.
J’espère devenir un type banal,
Du type de ceux qui ne se donne pas de mal
Pour attirer l’œil du voisin
A coup de bobards ou de baratin.
Refrain
Mais si je tourne la tête.
Je vois que le bar s’est rempli,
Il faudrait que je mette
Mes idées au propre
Sur un bout de carton.
J’ai tellement de mal à terminer
Jusqu’au bout de carton.
Ici tout est beau tout est vrai tout est chaud,
C’est rempli de types rangés
Et c’est pourtant là que je voudrais passer
Le reste de mon temps
Loin du parisien puant,
Qui répond pas quand tu lui parles,
Ici chez nous on perd pas de temps.
Loin de la parisienne, cette jolie sirène,
Qu’est tellement fière de vivre ici
Qu ‘elle en oublie pourquoi elle vit.
En tous cas pas pour moi,
Ni pour les gens qui sont là
Dans ce petit bistrot en plein Paris,
Juste à coté de là ou elle vit
7. LA CATHERINE
Elle va sur ses 20 ans,
Mais semble mieux connaître les hommes
Qu’une femme de mille amants.
Son cortège de prétendants
S’agrandit de ville en ville
Et de temps en temps.
Elle se penche,
Vers un de ceux qui l’aime,
Et en baissant les yeux
Lui murmure à l’oreille :
« C’est toi celui pour qui je saigne,
Celui dont le vie se mélange à la mienne. »
Refrain
C’est la Catherine de Jules, de Jim,
La femme du boulanger l’angoisse du prisonnier.
Celle pour qui la retenue n’a plus de place.
Quand il s’agit d’amour
De types en types, elle passe.
Elle se voit
Comme une enfant,
Remplie de naïveté
Et de bons sentiments.
Mais derrière ses voiles
De cotons,
Se cachent des arguments
A faire se soulever les nations.
Pour allonger la liste
Tous les moyens sont bons,
Du clin d’œil furtif
Jusqu’au travail de fond,
Des amis des amis
Jusqu’aux amis des petits amis,
Beaucoup regrettent d’avoir dit oui.
À qui ?
Refrain
À la Catherine de Jules, de Jim,
La femme du boulanger l’angoisse du prisonnier.
Celle pour qui la retenue n’a plus de sens.
Quand il s’agit d’amour
De types en types, elle danse.
Chacun a ses propres faiblesses,
Du visage de madone
Jusqu’à la paire de fesses.
Mais savoir plaire
C’est savoir deviner,
Ce qui plait à celui
Que l’on veut bouleverser.
Alors quand on veut séduire
L’assistance entière,
Mieux vaut se munir
D’un petit cœur de pierre.
Faut pouvoir gérer
Tous ces amants blessés,
Et savoir encaisser
Les coups des autres vexés.
Comme
Refrain
Après 40 ans
D’amours de pacotille,
Et les yeux grands ouverts
Devant les amants de sa fille.
Il lui faudra comprendre
Que les années passées,
Tout ce que l’on demande
C’est juste un peu de respect.
Mais sa vie la suit
Et ses histoires aussi,
Mieux vaut réfléchir
Avant de jouer à faire souffrir.
Comme c’est triste
De détours en détours,
D’avoir à éviter
Ceux qui vous considèrent toujours…
Refrain
8. L’ESTHÈTE
Il existe un pays au-delà de l’océan
Avec un drapeau comme le nôtre
Bleu, blanc et rouge, au vent.
Bleu comme la mer,
Blanc comme l’argent,
Et rouge comme le sang
Qui coule de cet argent.
Pourtant les gens qui vivent là-bas
Sont tellement gentils,
Ils nous ont sauvé deux fois,
Bien merci.
Mais pourquoi continuer
A êtres si charmants ?
Tous ces cadeaux,
En 50 ans, non, vraiment.
Le Coca Cola franchement
Fallait pas,
Les films de pantins
Merci mais de rien.
Le nouveau charme,
D’un nouvel idéal,
Et bientôt le goût des armes ?
Non merci, mon général.
C’est peut-être pour mon bien,
Mais je refuse de me convertir
En un bon chrétien
Qui bouffe et puis qui tire
Sur le fils de son voisin
Parce qu’il a tué son propre fils,
Dans la cour des grands,
A cause du petit écran.
Pendant que des familles
Perdent leurs enfants,
Leur pays apprend la paix
Au Proche-Orient.
Et pendant qu’un père
Perd son fils,
L’armurier du coin,
Fait des bénéfices.
Quand on réfléchi
A la naissance des états unis,
Une chance pour le monde
De fabriquer un nouveau pays,
On se demande pourquoi,
Ce melting-pot,
N’a pas permis à tous ces potes
De devenir amis.
Peut-être parce que ce n’est pas si facile
De se faire des amis,
Dans une lutte pour la terre,
Le travail et la vie.
La terre appartient
A son propriétaire,
Le travail à celui
Qui lui donne sa vie,
Et la vie alors, à qui ?
À celui qui la gagne
Où a celui qui l’a déjà gagné ?
Au self-made-man
Ou à celui qui n’a jamais rien fait ?
« Le sens de la vie était entièrement masqué
Par la solution du problème
De se maintenir à flots »
Henry Miller est le père de ces mots.
Dans l’huile bouillante
Du self-made-man
Qu’il a jeté du haut
De son échelle sociale.
Mélangez un peu
De concurrence,
Avec un beau symbole
Chacun a sa chance.
Vous obtenez le goût du fric
Et de la démence.
Vous obtenez l’Amérique,
En transe.
Mais mon pays
Est-il meilleur que le leur ?
Bientôt la seule différence
Sera le changement d’heure.
J’ai peur d’entendre
Un jour mon fils me dire
Papa t’aurais dû m’appeler Curtiz…
J’ai peur de ne plus voir
Qu’une seule culture
Partout les mêmes enseignes
Et les mêmes devantures.
J’ai peur de voir en photo
Un buchman avec un beau bébé,
Un beau sourire blanc
Et un bout de Bic Mac
Coincé entre les dents.
Mais comment moi,
Simple citoyen,
Je me protège du dollar américain ?
Du fou puritain
Qui pourrit son pays
Et qui pourrit la terre aussi
A force de pisser sur l’écologie.
Comment moi simple citoyen,
Je me protège de l’appel du gain ?
Devenir aussi riche
Qu’une tête d’affiche
Quitte à laisser dormir sous l’affiche
Deux ou trois bon à riens.
Lancer des slogans.
Vivre autrement.,
Vendre du bonheur
Et penser différent.
Mais que de lieux communs
Pour une chanson sans refrain.
L’américano-critique
Est devenue démagogique.
Et moi en chantant ça
On me fera passer pourquoi ?
Un Bourgeois Bohème
Aux idées romantiques c’est ça ?
Et pourtant le coca
Me donnes mal aux dents,
Mais sûrement pas autant
Que le gamin qui a vu ses parents
Au pied du mur,
Finie l’aventure
Pour que le profit profite
Au profiteur
Videz les lieux dès 17 heures.
Passer une semaine
Dans une famille sans salaire.
Passer quelques jours
En Afrique à gratter la terre.
Passer une minute
Sur le cratère d’une bombe,
et s’arrêter de parler
180 secondes.
Mais quand j’pense
A Duke Ellington
Ou robert De niro
En Jake La motta.
Quand je ferme les yeux
En écoutant
Nina Simone.
Je me sens mieux
Car l’Amérique est la.
Avec ses plus grands esprits
Et ses plus belles voix
Ses idées nouvelles
Et ses histoires d’autrefois.
Alors je modère mon comportement
Et le doute prend la place
Du ressentiment.
C’est souvent dans la fange
Des pays mal gouvernés
Qu’on trouve des anges
En humains incarnés.
9. LE SONGE
Les yeux grands ouverts
Et les deux pieds sur terre
J’avais conquis
Le bord du trottoir.
Une madeleine en main
Et le sourire éteint
Je me suis retrouvé
10 ans plus tard.
Comme tout devient
Soudain tellement plus dur
Lorsque l’on sait
Ce que l’on voudrait devenir.
Surtout pour ceux
Qui n’aiment ni l’aventure
Ni les changements d’avenir.
J’écoutais
Les gens parler
Et rire autour.
Nous étions parents heureux,
Comblés et riches,
En amour
De la petite cuisine
Sortait une odeur d’épices.
Qui a fait monter les larmes,
Aux yeux d’Anaïs.
J’avais réussi à me séparer
De tous mes vices.
Fini les histoires à tomber par terre
Et terminé
Le chef aux grands airs.
Bien résolu
A ne plus jamais souffrir
Même pour la plus jolie
Des ottomanes.
Bien résolu
A ne plus jamais confondre
Meilleurs amis
Et employés jetables.
Comme pour dire
Tu vois que ce que tu désires
Les sourires se sont tournés
Vers moi.
Leurs paires d’yeux fixées
Sur mon regard baissé
J’ai tout de suite voulu
Expliquer, pourquoi.
Mais j’avais beau crier
Toute ma sincérité,
Après chaque mot,
Quelqu’un disparaissait,
Laissant sur moi
Une petite marque blanche
Pour chacune
De mes offenses.
Comme pour des frères,
On aurait du mal à nous défaire.
À rendre jaloux les couples les plus fous,
A rendre furieux les ambitieux.
Sans même une envie de plaire,
Naturellement, instinctivement sincère,
Je les regarde du haut de la tête
Jusqu’aux semelles
En espérant qu’un mauvais coup du sort,
Ne s’en mêle.
Comme pour des frères…
Comme pour des frères…
Comme pour des frères…
Comme pour des frères
Les yeux grands ouverts
Sur mon trottoir désert
J’ai vu s’avancer un ange ahuri.
En arrivant sur moi
Il m’a demandé comme ça :
« Cousin, c’est quoi ton souci ? »
C’est si troublant
D’avoir de si bons compères
Et tellement dur
De ne pas savoir quoi faire.
C’est ce que j’entends
A chaque fois que je descends.
Vous l’avez cherchée
L’individualité.
10. DES COUPS DE CHEVALIÈRE
T’en menais plus large
Tout à l’heure.
En gueulant comme un berger allemand
Gueule sur un facteur.
Bien sûr que les gens t’écoutent.
Parce que les gens redoutent
Tes coups de chevalière,
Sur leurs arcades sourcilières.
Refrain
T’en mène moins large
Maintenant que te voilà devant
Batkus Ivanowitch
Lutteur Russo-Allemand.
116 kilos l’hiver
Et 114 au printemps,
Au jeu du corps à corps,
On trouve toujours plus fort.
Il me semblait que tu riais,
Tout à l’heure,
Escorté par ton grand garde du corps
Aussi grand que ton courage est mort.
À force de traîner avec lui,
Pas après pas,
Quand c’est toi qui te grattes le cul
C’est lui qui sent ses doigts.
Refrain
T’en mène moins large maintenant que
Te voilà tout seul.
On est jamais si bien servi
Que par soi même.
Dire que tu trembles devant moi
Alors que tu me casserais d’un seul doigt.
Ta protection rapprochée
A fait de toi une poupée.
Et quand mon petit cousin me demande
Comment faire,
Pour arriver à se faire respecter
Sans muscles et sans liquidités ?
Je lui dis que le verbe respecter
Rime avec le mot plaire.
Tous ceux qui cherchent trop à plaire
Finissent par être détestés.
11. L’AIGRI
Découpe le en 2
Si tu veux,
Fracasse lui le nez
Et poche lui les yeux.
Il fera moins le malin
Sous le feu de tes poings.
Il ne dira rien,
Mais dis toi bien.
Que dès le lendemain
Il recommencera
A dire ce que tu as fait
Et pourquoi tu l’as fait.
C’est pas des coups même bien portés,
Qui lui feront tout, tout oublier.
Alors découpe le en 2
Si tu veux,
Fracasse lui le nez
Et poche lui les yeux.
Mais rappelle toi en lui tordant le coup
Qu’il sait tout.
Crache lui dessus,
Tire lui les cheveux,
Fous toi de sa gueule,
Dis lui qu’il a une petite queue.
Il fermera sa bouche
A chaque nouvelle couche.
Il ne dira rien,
Mais dis -toi bien.
Que dès le lendemain
Il recommencera
A dire ce que tu as fait
Et pourquoi tu l ‘as fait.
C’est pas des insultes
Même bien ciblées,
Qui lui feront tout,
Tout oublier.
Alors crache lui dessus,
Tire lui les cheveux,
Fous toi de sa gueule,
Dis lui qu’il a une petite queue.
Mais rappelle toi en parlant de vous,
Qu’il sait tout.
Parce que…
Il collecte des informations,
Sur toutes ses relations.
Il n’a pas d’amis,
Que de futurs ennemis.
Voilà ce que sa vie pourrie
Lui a appris.
Il attend patiemment chaque engueulade,
Pour déverser savamment sa marmelade,
Pour cracher sa bile
A la face des débiles,
Lui il gagne de l’argent
Il a pas peur des gens.
Il aurait voulu devenir un artiste
Pour conquérir et dominer la piste.
Mais il se sent tellement mal dans son élément…
Il se sent tellement chiant et tellement triste.
12. REGARDE MES IMAGES
Regarde mes images,
Elles sont belles.
Je les ai fabriquées pour toi.
Il y a du bleu du rouge,
Toutes les couleurs du soleil
Alors prends donc
Tout ce que tu voudras.
Et si un matin tu te réveilles
En te disant
Pourquoi tout ça pour moi ?
Fait moi ressortir de ma veille
Et surtout, surtout, n’oublie pas
N’y réfléchi pas.
Écoute mes informations.
Laisse-moi tourner ta tête
Dans la bonne direction.
Regarde le Monde
Comme je veux bien te le montrer.
Le sourire de Claire
T’aidera sûrement à voter.
Et si un matin tu te demandes
Tout ça franchement qui le commande ?
Je m’en irai te calmer
Avec un sujet sur les pigmés
Ca te passionnera, tu verras, mais
N’y réfléchi pas.
Jette donc un œil sur mes divertissements.
Moi je te donne de l’argent
Et toi tu me donnes du temps.
Juste le temps
De passer ta vie
Les yeux rivés sur moi
Et le cerveau en confettis.
Et si le jour de tes 50 ans
Tu te rends compte
Que t’as passé 5 ans
Face à face avec moi,
Jusque dans le fond des draps,
Est ce que tu penses que ça suffira ?
Sûrement pas.
Je suis ton meilleur ami
Du lundi au vendredi,
Et ta pute certains samedis.
Qui tu citerais
Si tu ne me regardais pas
Dans ces putains de soirées
Ou tu t’ennuis.
Je suis ton pote, ton raoul
Je t’emmène aux chiottes c’est cool
Tiens la moi et dis moi ce qui en coule ?
De l’or en pisse et des vices en or
Pour serrer les boulons du décor.
D’une pièce dans laquelle
Un type en costume
S’approche d’un type sans costume
Et lui demande
Est ce que tu m’en veux
De t’avoir emmené aussi bas ?
Et le type sourit comme à un bon ami.
Il lui serre la main et lui dit
Je n’y réfléchis pas.